Amère défaite pour les colons israéliens

Le Parlement israélien a massivement appuyé hier le plan de retrait des 8500 colons juifs de la bande de Gaza, faisant voler en éclats la dernière tentative politique des ultranationalistes pour repousser la mise en oeuvre du plan Sharon, prévue le 17 août.
Les députés ont rejeté à une très large majorité des amendements réclamant un report du retrait, infligeant un coup supplémentaire aux opposants au retrait de Gaza. Plusieurs milliers de ces opposants, rassemblés depuis lundi dans un camp à Kfar Maïmon, à 15 km de la bande de Gaza, se sont vus empêchés de marcher sur les colonies de Gush Katif par les forces de l'ordre israéliennes.«Nous avons eu de nouvelles preuves aujourd'hui que le gouvernement, le Parlement et également le peuple soutiennent le désengagement», a déclaré le premier ministre Ariel Sharon.
«Retarder le désengagement perpétuerait la même querelle», a déclaré son ministre de la Justice, Tzipi Livni, partisan du retrait dès la mi-août. «Cela ne ferait qu'allonger cette période durant laquelle la société israélienne se déchire de plus en plus.»
Sharon avait accepté un report de trois semaines afin d'éviter qu'il ne tombe dans une période de deuil du calendrier juif. Les opposants au retrait espéraient faire échouer complètement sa mise en oeuvre en le retardant encore.
Pour les manifestants encore présents à Kfar Maïmon, leur défaite à la Knesset ne change rien à leur volonté de marcher sur le bloc de colonies de Gush Katif pour compromettre le processus de désengagement.
Afin d'empêcher le départ de la marche, la police a mis en place des rouleaux de fils barbelés tout autour du camp de toile qui abrite les manifestants depuis trois jours et est devenu le symbole de l'opposition au retrait de Gaza.
«Nous appelons des milliers de personnes à faire tout leur possible pour rejoindre Kfar Maïmon. Le processus continue et nous avons l'intention de rejoindre Gush Katif», a déclaré le dirigeant du conseil des colons, Benzi Lieberman. Plus tôt hier, il avait annoncé qu'un «noyau dur» de manifestants resterait dans le village. «Le reste des manifestants va s'en aller pour se renforcer [...] et attendra notre signal.»
Mais une certaine lassitude semblait avoir touché le rassemblement, malgré l'atmosphère festive procurée par la musique orthodoxe, les marchands de glace et la profusion de chemises, foulards, chapeaux et bannières orange, couleur de l'opposition au plan de retrait.
De plus en plus de manifestants rentrent chez eux, petit à petit. «Je dois rentrer voir ma femme pour le Sabbat», explique Yaakov Goldfield, 26 ans. «J'espère revenir la fin de semaine prochaine.»
Mardi, des échauffourrées ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre israéliennes, qui avaient encerclé pendant la nuit le camp de toile dressé par les opposants au retrait.
Malgré l'interdiction de manifester, les opposants avaient l'intention de parcourir les 15 km qui séparent Kfar Maïmon des colonies de Gush Katif pour empêcher la mise en oeuvre du retrait.
La police a estimé que 5000 à 6000 manifestants s'étaient rassemblés dans le camp, mais les organisateurs parlent de plus de 15 000 personnes, parmi lesquelles on pouvait voir aussi bien des militants ultranationalistes que des adolescents et des familles avec enfants. Israël avait déployé lundi 20 000 policiers et soldats pour essayer d'empêcher le rassemblement.
Selon les sondages, une majorité d'Israéliens est favorable au retrait des colons juifs de Gaza.