Les colons défient les forces de l'ordre israéliennes

Des manifestants israéliens ont affronté hier les forces de police qui empêchaient des dizaines de milliers de militants de gagner des colonies de la bande de Gaza en vue de tenter de perturber l'évacuation du territoire occupé, prévue à la mi-août.
Les manifestants ont refusé d'obéir aux ordres de dispersion lancés par les forces de sécurité, qui les bloquaient dans le village israélien de Kfar Maïmon pour qu'ils ne s'approchent pas davantage du bloc de colonies de Gush Katif, à une quinzaine de kilomètres plus à l'ouest.Cette épreuve de force, la plus importante à ce jour entre la police et les adversaires du plan de désengagement du premier ministre Ariel Sharon, pourrait préfigurer les affrontements auxquels certains s'attendent lorsque l'État juif commencera d'évacuer les 21 implantations de Gaza et quatre de Cisjordanie.
Seize manifestants ont été arrêtés et plusieurs blessés lorsque des manifestants ont tenté de franchir le cordon établi par la police autour du camp de toile d'où ils comptaient marcher sur la bande de Gaza.
Des militaires sont arrivés dans le secteur à l'aube pour prêter main-forte aux policiers déjà sur place et qui bouclent le secteur depuis lundi soir afin d'empêcher des débordements. La police évalue le nombre des manifestants à 20 000. Les organisateurs lui opposent celui de 50 000.
Forces de l'ordre et jeunes manifestants en colère ont échangé des coups de poing tandis que des policiers à cheval intervenaient dans la foule. Des canons à eau ont été mobilisés, mais sans qu'on en fasse usage.
«Cette manifestation est illégale. L'événement est terminé. Nous mettons à votre disposition des bus pour vous ramener chez vous», criaient des policiers par haut-parleurs aux manifestants, exhortés à ne pas avancer vers Gush Katif. Mais aucun n'a paru tenir compte de ces sommations et certains colons les ont défiées en se mettant à danser et à chanter.
«Nous atteindrons Gush Katif», a affirmé Benzi Lieberman, l'un des dirigeants du conseil des colons Yesha, qui organisait la manifestation. «Nous resterons ici et nous nous battrons autant de nuits qu'il le faudra.»
Le face à face de Kfar Maïmon s'inscrit sur fond de regain de violence entre Israéliens et Palestiniens et de nouveaux affrontements à Gaza entre activistes du Hamas et forces de sécurité palestiniennes. Développements de nature à compliquer le projet d'évacuation des colonies juives.
L'armée israélienne a tué deux activistes palestiniens en encerclant leur repaire près de Jénine (Cisjordanie), ont rapporté témoins et sources militaires israéliennes.
Le retrait, que Sharon présente comme un moyen de sortir du conflit avec les Palestiniens, a suscité la colère des ultranationalistes, pour qui le gouvernement renonce ainsi à des terres bibliques censées revenir de droit à l'État juif.
Côté palestinien, le retrait est bien accueilli, mais on craint de voir Sharon marchander le minuscule territoire de la bande de Gaza contre le droit de conserver les colonies de Cisjordanie, où vivent 240 000 Israéliens. Quelque 8500 juifs sont barricadés à Gaza, contre 1,3 million de Palestiniens.
Le regain de violence survenu la semaine dernière — en particulier un attentat suicide et des tirs de roquettes palestiniens qui on t causé la mort de six Israéliens — a compromis la trêve en vigueur entre les deux parties en affectant le projet de retrait israélien de Gaza.
La secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, a prévu une visite dans la région cette semaine afin de favoriser le respect de la trêve et le bon déroulement du retrait.
Au moins 12 Palestiniens ont été blessés hier dans le camp de réfugiés de Jabaliya, près de la ville de Gaza, lors de nouveaux affrontements entre activistes du Hamas et membres du Fatah. Sept des blessés de Jabaliya sont membres du Fatah, dont certains sont membres des forces de sécurité.
Deux activistes du Hamas ont également été blessés ainsi que plusieurs civils qui se sont retrouvés au milieu des affrontements, lesquels se poursuivaient en début d'après-midi.