Blair et les musulmans préparent la lutte contre l'extrémisme

Londres — Le premier ministre Tony Blair s'est entretenu hier avec des représentants de la communauté musulmane britannique de la manière d'endiguer l'islamisme radical après les attentats du 7 juillet à Londres.
«Il y avait de la part de toutes les personnes présentes un fort désir de s'assurer de la mise en place de mécanismes adéquats» afin de permettre d'affronter cette «idéologie du mal et de la défaire», a dit Blair lors d'une conférence de presse donnée à l'issue de la réunion, qui a duré une heure. Il espère créer un consensus national contre le terrorisme et l'idéologie radicale au sein de l'islam. Il entend également dissocier les attentats de Londres de la guerre en Irak, alors que son gouvernement est soumis à une pression croissante sur ce thème.Le député musulman Shahid Malik a quant à lui fait état d'un grand désir des 1,6 million de musulmans britanniques d'extirper le radicalisme.
Cependant, des musulmans radicaux ont qualifié cette réunion de comédie, et jusque dans le camp des modérés, certains se sont montrés circonspects quant aux intentions de Blair.
«On a avant tout cherché à rejeter la responsabilité sur l'islam et sur les dirigeants musulmans», a déploré Ahmed Versi, rédacteur en chef de Muslim News, le journal musulman le plus vendu en Grande-Bretagne. Il a déclaré que la communauté musulmane était «profondément inquiète» et se demandait dans quelle mesure Blair pourrait «tenter d'imposer une forme d'interprétation laïque de l'islam avec pour objectif déclaré d'aider les musulmans à trouver une "voie modérée et vraie"».
Le fait que les auteurs des attentats du 7 juillet soient des musulmans britanniques et non des activistes étrangers a semé la consternation dans le pays. Tout en condamnant les attentats, les dirigeants musulmans ont dû admettre l'existence au sein de leur communauté d'extrémistes prêchant la haine de l'Occident.
Certains musulmans ont réclamé une réforme des mosquées britanniques, qui ne répondent pas selon eux aux aspirations des jeunes musulmans. D'autres ont demandé une intervention de la police contre les groupes radicaux islamistes qui recrutent souvent devant les mosquées et sur les campus universitaires.
L'un de ces groupes, Al Muhajiroun, a été dissous l'an dernier, mais ses anciens membres restent actifs. Son ancien chef en Grande-Bretagne, Anjem Choudary, a dénoncé la réunion de Downing Street. «Les prétendus musulmans présents à cette réunion sont du type de ceux qui s'alignent sur le gouvernement. Ce sont des laquais du gouvernement britannique. Ce sont ceux qui ont été nommés par Tony Blair pour être la voix officielle des musulmans», a-t-il affirmé.
Il a ajouté que la Grande-Bretagne serait inévitablement attaquée à nouveau par des islamistes si elle refusait de changer sa politique étrangère en Irak, au Proche-Orient et au Cachemire.
Près des deux tiers des Britanniques jugent que les attentats du 7 juillet son liés à l'implication militaire de la Grande-Bretagne en Irak, selon un sondage ICM publié hier par The Guardian.
Parmi les pistes retenues figure la mise en place d'un groupe de travail pour faire le point sur «ce qui se passe vraiment au sein de la communauté», a déclaré Sir Iqbal Sacranie, secrétaire général du Conseil des musulmans de Grande-Bretagne (MCB).
Lundi, le Forum musulman britannique, qui représente 300 mosquées, avait annoncé la publication d'une fatwa (décret religieux), soutenue par plus de 500 dignitaires musulmans de Grande-Bretagne, condamnant l'assassinat de personnes innocentes dans les attentats de Londres.