Vache folle - Du boeuf canadien traverse (enfin!) la frontière

Un premier contingent de bovins canadiens sur pied a traversé la frontière à destination des États-Unis, hier, pour la première fois depuis la mise en place de l'embargo américain sur les produits du boeuf canadiens à la suite de la découverte d'un cas de vache folle en Alberta en mai 2003.
Ottawa a confirmé hier la reprise des envois aux États-Unis de bétail canadien destiné à l'engraissement et à l'abattage, alors qu'une compagnie d'Elmwood, en Ontario, Schaus Land and Cattle Company, disait être la première à avoir fait passer des bovins vivants chez le voisin du Sud depuis l'adoption la semaine dernière de la nouvelle règle américaine visant la réouverture de la frontière.L'exportateur a indiqué qu'une cargaison de 35 bovins avait traversé la frontière à Lewiston, dans l'État de New York, vers midi, hier. Cette première livraison a été organisée à la demande de l'Association canadienne des éleveurs de bovins.
«C'est l'aboutissement d'une somme de travail considérable de la part des éleveurs canadiens, du secteur de l'élevage canadien, des gouvernements provinciaux et territoriaux, du département de l'Agriculture des États-Unis (USDA) et du gouvernement du Canada», a déclaré le ministre canadien de l'Agriculture, Andy Mitchell.
«Je les remercie tous de l'intense collaboration et de la ténacité dont ils ont fait preuve en vue de la reprise du commerce de bovins sur pied et d'une vaste gamme de produits carnés avec notre plus important partenaire commercial.»
Jeudi dernier, le secrétaire américain à l'Agriculture, Michael Johanns, a ouvert la frontière aux importations de bétail canadien après l'annulation par un tribunal d'appel des États-Unis, plus tôt le même jour, d'une injonction temporaire interdisant la levée de l'embargo sur les importations de bovins de moins de 30 mois du Canada.
Le boeuf transformé canadien pouvait être exporté aux États-Unis depuis la levée de l'embargo spécifique dont il était l'objet, mais le bétail sur pied canadien était toujours interdit en sol américain.
Le président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec, Michel Dessureault, a affirmé lundi qu'il s'agit d'une étape importante, mais qu'il reste encore beaucoup de chemin à faire parce que les exigences à respecter pour exporter sont très sévères, notamment en ce qui concerne l'identification des animaux.
En mars dernier, le département de l'Agriculture des États-Unis était prêt à reprendre le commerce du bétail vivant avec le Canada après une interruption de deux ans, mais un groupe d'éleveurs américains protectionnistes, R-CALF, basé au Montana, avait porté l'affaire devant un juge de district, Richard Cebull.
R-CALF disait que la reprise des importations canadiennes aurait comme conséquences de propager la maladie de la vache folle en territoire américain et de mettre la santé humaine en danger. Le juge avait donné raison à R-CALF et imposé une injonction temporaire empêchant la pleine reprise du commerce entre les deux pays.
L'injonction temporaire a été renversée la semaine dernière, mais la menace plane toujours sur l'industrie canadienne du boeuf: le 27 juillet, le juge Cebull doit se prononcer sur une nouvelle requête de R-CALF visant à rendre l'injonction permanente. Si le juge acceptait les arguments des protectionnistes, il pourrait s'ensuivre un retour à la case départ.
Hier, le ministre Mitchell a indiqué que «les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que l'industrie se préparent à toute éventualité».