20 000 policiers ont été mobilisés - Manif monstre d'opposants au retrait israélien de Gaza

Source: Oleg Popov Reuters
Les barrages routiers dressés par la police ont suscité la colère d’une partie de la droite israélienne.
Photo: Source: Oleg Popov Reuters Les barrages routiers dressés par la police ont suscité la colère d’une partie de la droite israélienne.

Des dizaines de milliers d'opposants au retrait israélien de la bande de Gaza ont commencé à manifester hier à Netivot, dans le sud d'Israël, dans un ultime espoir d'empêcher l'évacuation du territoire palestinien. Le secteur a été placé sous haute surveillance de la police, avec quelque 20 000 hommes déployés pour éviter des débordements.

Selon les organisateurs de la manifestation, 50 000 personnes participaient à ce rassemblement. De son côté, la police, qui avait arrêté dans l'après-midi une centaine d'autobus sur les 300 transportant des manifestants pour les empêcher de parvenir à Netivot, estimait leur nombre à 10 000. Les médias ont avancé un chiffre de 20 000 à 30 000 personnes.

La police a interdit l'approche du barrage routier de Kissoufim, qui permet l'accès aux colonies de la bande de Gaza, afin que des manifestants ne tentent pas de rejoindre ces implantations bouclées sur ordre de l'armée en vue de leur évacuation dans moins d'un mois. Cette initiative est venue alimenter la colère d'une partie de la droite israélienne contre le plan de désengagement du premier ministre Ariel Sharon.

Les manifestants ont toutefois commencé à marcher dans la soirée vers Kfar Maïmon, une localité située à 5 km de Netivot, où les colons ont monté un camp de toile pour y passer la nuit en attendant l'éventuelle poursuite de leur marche vers Kissoufim. C'est d'ailleurs à ce passage qu'un adolescent palestinien a été tué hier par l'armée israélienne, selon des sources médicales palestiniennes.

Les manifestants sont essentiellement des juifs religieux, comprenant une forte proportion de jeunes, ainsi que des familles entières venues avec leurs enfants, certains en bas âge. Beaucoup portent des t-shirts portant l'inscription «Un Juif n'expulse pas un Juif», une allusion à l'évacuation des 8000 colons de la bande de Gaza et de 500 autres du nord de la Cisjordanie. Sur la tribune, le slogan en hébreu des opposants au retrait a été affiché: «La marche gigantesque vers le Goush Katif. Nous saluons nos frères, les héros.»

Le Conseil des implantations de Cisjordanie et de Gaza, qui a organisé la manifestation, mise sur 100 000 participants, espérant qu'une telle démonstration de force obligera le gouvernement à renoncer au retrait, après avoir perdu toutes les batailles au Parlement sur ce dossier.

Pendant ce temps, Israël continuait d'agiter la menace d'une offensive terrestre pour faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes à partir de la bande de Gaza, d'importantes forces blindées n'attendant que le feu vert des autorités pour passer à l'offensive. Un haut responsable semblait toutefois écarter une opération d'envergure imminente, à moins que des tirs palestiniens ne fassent de nouvelles victimes.

«Comme le premier ministre [Ariel Sharon] l'a déclaré plus d'une fois, nous n'accepterons pas un retrait sous le feu, mais nous ne souhaitons pas une escalade et nous tenons compte de l'avis de nos amis», a déclaré ce proche de M. Sharon, qui a requis l'anonymat. Il a évoqué à ce sujet des appels insistants de Washington à la retenue, alors que la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice est attendue cette semaine dans la région où elle doit notamment rencontrer jeudi le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie.

M. Abbas s'est pour sa part prononcé une nouvelle fois pour l'arrêt des tirs de roquettes contre Israël par les islamistes du Hamas, tout en soulignant qu'il refusait de déclencher une «guerre civile» entre Palestiniens. «Nous espérons que nous ne serons pas obligés d'ouvrir le feu contre ceux qui tirent des roquettes et que toutes les parties prendront leur responsabilité. De notre côté, comme je l'ai déjà dit, nous ne voulons pas de guerre civile», a affirmé M. Abbas lors d'une rencontre avec des journalistes à Gaza.

Par ailleurs, une majorité d'Israéliens soutient l'évacuation, prévue à la mi-août, de la bande de Gaza et des colons qui y résident, selon un sondage rendu public hier par la télévision d'État.

Selon cette enquête d'opinion, 51 % des personnes interrogées sont en faveur du plan de retrait d'Ariel Sharon, tandis que 30 % sont contre et 19 % sont indécis ou sans opinion. Ce sondage a été réalisé par l'institut Geocartographia auprès d'un échantillon représentatif de 501 personnes.

À voir en vidéo