Le FBI surveille des ONG américaines
L'American Civil Liberties Union (ACLU, l'une des principales organisations de défense des droits civiques aux États-Unis) a révélé hier que le FBI (la police fédérale américaine) a amassé plus de 1100 pages de documents sur elle-même et environ le double sur Greenpeace, sans compter les données portant sur des dizaines d'autres organisations et groupes de pression non violents de moindre importance.
Dans un communiqué émis hier, l'ACLU indique que le FBI a reconnu le fait il y a quelques semaines en réponse aux requêtes qu'elle avait formulées dès décembre 2004 en vertu de la loi d'accès à l'information. L'ACLU fait maintenant pression pour que les autorités policières lui communiquent promptement la nature des informations en leur possession.Anthony Romero, directeur de l'ACLU, s'est dit «choqué» par ces révélations. «Pourquoi le FBI a-t-il rassemblé près de 1200 pages sur une organisation de défense des droits civiques engagée dans des activités légales?», a-t-il dit au New York Times qui, avec le Washington Post, a rendu l'affaire publique dans son édition d'hier.
L'ACLU a également révélé hier le contenu d'un rapport du FBI sur l'organisation pacifiste United for Peace and Justice, un des rares documents divulgué à la suite ces mêmes démarches judiciaires.
«Ce rapport confirme nos craintes que le FBI viole le droit des Américains à manifester et à s'opposer pacifiquement aux politiques gouvernementales sans que ce soit qualifié de menaces terroristes», juge l'ACLU.
Le groupe United for Peace and Justice a organisé plusieurs manifestations contre la guerre en Irak, notamment lors du congrès du Parti républicain à New York en août 2004.
L'ACLU dit avoir lancé ses requêtes après avoir reçu des plaintes d'«étudians et d'activistes politiques» affirmant avoir été interrogés par des agents du FBI à l'approche des congrès des deux grands partis américains, l'été dernier.
Selon l'ACLU, les responsables antiterroristes du FBI, qui disposent de pouvoirs accrus depuis les attaques du 11 septembre 2001, cherchent à créer l'amalgame entre les activités légales de désobéissance civile et les activités présumées de terrorisme.
Dans une démarche distincte, l'ACLU cherche à rendre publics des renseignement sur le financement et le fonctionnement des Groupes de travail conjoints sur le terrorisme (Joint Terrorist Task Forces) mis sur pied par le FBI de concert avec les services de police de plusieurs dizaines de villes américaines.
Ces groupes de travail ont fait parler d'eux le mois dernier, quand la ville de Portland, dans l'Oregon, a exigé que ses policiers s'en retirent, faute de pouvoir y exercer un droit de regard suffisant.
Des responsables du FBI et du département de la Justice, qui s'opposent actuellement à la demande de l'ACLU d'accélérer la procédure de divulgation des documents, ont confié aux journaux qui ont révélé l'affaire que leur intention n'était pas d'entraver les activités politiques légales des organisations sous surveillance.