Emily prend de la vigueur

Source: Jorge Silva Reuters
Un drapeau rouge, flottant sur une plage de Cancun, avertit les éventuels baigneurs de l'approche de l'ouragan Emily.
Photo: Source: Jorge Silva Reuters Un drapeau rouge, flottant sur une plage de Cancun, avertit les éventuels baigneurs de l'approche de l'ouragan Emily.

Cancún, Mexique — Après s'être abattu sur la Jamaïque samedi, Emily, le plus violent ouragan jamais observé en cette saison dans l'Atlantique, a contourné les îles Caïmans hier pour avancer vers le Mexique, avec des rafales de vent atteignant les 235 km/h. Le passage de l'ouragan en Jamaïque a causé la mort de quatre personnes samedi soir.

Si les vents atteignent la vitesse de 250 km/h, Emily sera classé dans la catégorie 5, la plus haute sur l'échelle de Saffir-Simpson, a déclaré un représentant du Centre national américain des ouragans de Miami. Samedi soir, ses vents se sont renforcés à près de 250 km/h, avant de retomber à 240 km/h. Selon le météorologue Dave Roberts, c'est l'ouragan le plus important à s'être jamais formé, aussi tôt dans la saison, sur l'océan Atlantique depuis 1860, date à laquelle le niveau de force des ouragans a commencé à être enregistré.

Samedi, Emily est passé au sud de la Jamaïque, où un véhicule roulant sur une route inondée a été projeté au bas d'une falaise, avec à son bord un homme, une femme, une petite fille de cinq ans et un bébé, a déclaré la police, qui recherchait hier les corps des passagers.

L'ouragan s'est ensuite dirigé vers le sud en évitant les îles Caïmans. Deux personnes ont été tuées lorsqu'un hélicoptère s'est écrasé dans le golfe du Mexique.

Doté d'une force de catégorie 4, Emily devait s'abattre hier soir ou tôt ce matin sur la péninsule du Yucatan, où les autorités mexicaines ont lancé l'évacuation de 70 000 à 80 000 personnes sur 160 km de côtes. Les autorités ont également procédé au relogement, hier matin à Cancún, de quelque 30 000 touristes, dont 70 % d'étrangers.

Même si ces autorités avaient promis de reloger les gens dans des salles de réception d'hôtels plus grands et mieux abrités, les premières vagues de touristes ont été installés dans des gymnases et des écoles publiques.

Melinda Williams est arrivée à Cancún samedi vers 23h. Moins de 12 heures plus tard, elle faisait la queue pour accéder au centre culturel en compagnie de cinq membres de sa famille, venus comme elle de Huntsville et Barrie, au Canada. La célébration des 50 ans de sa belle-soeur tourne au vinaigre et elle dénonce l'attitude de l'agence de voyage qui ne les a pas prévenus de l'arrivée du cyclone. On lui donne un oreiller, une couverture, un drap et de l'eau pour tout réconfort. La chaleur est telle que tous les «réfugiés» sont en maillot de bain, couverts de sueur. La tension est palpable. Les touristes, excédés et paniqués, se plaignent des conditions d'hébergement.

La compagnie pétrolière d'État Petroleos Mexicanos a également ordonné l'évacuation de plus de 15 000 personnes employées sur ses plateformes offshore du golfe du Mexique. Soixante-trois puits de forage ont été fermés, réduisant la production de 480 000 barils par jour, a annoncé la compagnie dans un communiqué.

Hier après-midi, l'oeil de l'ouragan se trouvait à environ 315 km à l'est/sud-est de l'île mexicaine de Cozumel, s'approchant de la péninsule du Yucatan à la vitesse de 32 km/h. Ses vents, de force d'ouragan, soufflaient jusqu'à 95 km de l'oeil, et étaient prolongés par des vents de tempête tropicale sur un rayon supplémentaire de 240 km.

La dernière fois que la ville de Cancún a dû procéder à une évacuation de masse était en 1988: à l'époque, la région ne disposait que de 8000 chambres d'hôtel, alors que ce chiffre s'élève aujourd'hui à plus de 50 000.

Les habitants du Yucatan redoutent des dégâts comparables à ceux occasionnés par l'ouragan Gilbert, responsable en 1988 de la mort de centaines de personnes, et par le cyclone Isidore, qui avait dévasté des huttes, provoqué des coupures d'électricité et ravagé des pans entiers de la jungle mexicaine en 2002.

Emily survient juste après le passage de l'ouragan Dennis, qui a fait au moins 25 morts à Haïti et 16 à Cuba la semaine dernière. Les météorologues ont prédit jusqu'à 15 tempêtes tropicales cette année dans l'Atlantique, dont trois à cinq ouragans. La saison débute le 1er juin pour s'achever le 30 novembre.

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