Le «chimiste» est épinglé au Caire
Londres — L'enquête sur les attentats de Londres a pris hier une dimension internationale avec une arrestation au Caire et l'aveu par Scotland Yard d'un «lien avec le Pakistan et d'autres pays».
Un Égyptien a été arrêté au Caire et est «interrogé pour savoir s'il a été impliqué» dans ces attentats, a déclaré un responsable du ministère égyptien de l'Intérieur. Magdi Mahmoud Moustafa el-Nashar, 33 ans, «a nié toute implication dans les explosions de Londres», a cependant ajouté cette source. Il aurait expliqué être en vacances en Égypte et avoir l'intention de retourner ensuite en Grande-Bretagne pour poursuivre ses travaux.La chaîne américaine de télévision ABC a été la première à annoncer cette arrestation, précisant que Nashar, surnommé le «chimiste», était responsable de la fabrication des bombes utilisées lors des attentats du 7 juillet et qu'il avait quitté la Grande-Bretagne deux semaines avant ces attaques.
«Le chimiste égyptien Magdi el-Nashar n'a rien à voir avec l'organisation al-Qaïda», a déclaré pour sa part le ministre égyptien de l'Intérieur, Habib el-Adly, dans l'édition d'aujourd'hui du journal d'État al-Gomhouria.
Selon un responsable de la sécurité, Londres fait pression sur l'Égypte pour extrader el-Nashar, mais les autorités égyptiennes tentaient hier de déterminer s'il existe des preuves contre le jeune homme pour permettre une telle procédure.
Selon les médias britanniques, il était étudiant et maître-assistant en chimie à l'Université de Leeds (nord de l'Angleterre), où habitaient trois des kamikazes ayant commis les attentats qui ont fait 54 morts et 700 blessés.
Le patron de Scotland Yard, Ian Blair, a par ailleurs reconnu hier «un lien avec le Pakistan et d'autres pays» dans l'enquête menée depuis le 7 juillet pour remonter la piste des auteurs des premiers attentats suicide jamais commis en Europe occidentale.
Mais le New York Times affirmait hier que les enquêteurs tentent de déterminer si les quatre kamikazes avaient eu des contacts avec huit Britanniques d'origine pakistanaise arrêtés en 2004 dans le cadre d'un vaste coup de filet antiterroriste au sud de l'Angleterre.
Selon des proches, au moins deux des poseurs de bombes ont séjourné au Pakistan.
Trois des kamikazes, dont Ian Blair a confirmé hier qu'ils étaient tous morts dans les attentats, étaient des Britanniques d'origine pakistanaise, originaires de la région de Leeds (nord), où la police a perquisitionné hier une librairie islamique.
Le quatrième auteur des attentats, également britannique, était d'origine jamaïcaine, identifié selon les sources comme Lindsay Germaine ou Lindsey Germail. Les quatre poseurs de bombes étaient munis d'un explosif de type artisanal, et non militaire, comme la police le croyait dans un premier temps, selon la BBC. Cette information a été qualifiée hier de «description plutôt correcte des faits» par Ian Blair.
Cet explosif, du TATP (triacétone tripéroxide), avait été utilisé par Richard Reid, le Britannique qui avait tenté de faire exploser ses chaussures bourrées d'explosif à bord d'un vol American Airlines reliant Paris à Miami, le 22 décembre 2001. Cette information renforce l'hypothèse d'une opération liée à al-Qaïda, et Ian Blair s'est dit confiant hier qu'un lien avec le réseau d'Oussama ben Laden pourrait être établi.
«Ce que nous espérons trouver, à un certain point, c'est qu'il y a un lien clair avec al-Qaïda», a-t-il dit.
Reste à répondre aux questions essentielles dans la course contre la montre que les policiers mènent, craignant de nouveaux attentats.
«Nous cherchons qui les a encouragés, qui les a formés, qui est l'artificier, qui est le banquier», a expliqué le chef de Scotland Yard.
Hier, en se rendant dans une grande mosquée de la capitale, Forest Gate, Ian Blair a par ailleurs appelé la communauté musulmane de Grande-Bretagne à s'engager dans le «contre-terrorisme».
Le moment est venu pour «les communautés musulmanes, aidées par toutes les bonnes volontés, de passer de la situation actuelle de choc et d'incrédulité à un engagement actif dans le contre-terrorisme», a-t-il déclaré.