Le dissident iranien est à bout de forces

Téhéran — Le dissident iranien Akbar Ganji, en grève de la faim dans une prison de Téhéran, laisse entendre dans une lettre récente qu'il est en train de mourir, renforçant encore la pression sur les autorités pour qu'elles le libèrent avant qu'il ne soit trop tard. Malgré les nouvelles alarmantes sur l'état de santé du prisonnier politique iranien le plus connu et des appels pressants de toutes parts, la justice ultraconservatrice ne cède pas.

Dans une lettre aux «défenseurs de la liberté dans le monde», datée du 10 juillet et mise sur Internet, Akbar Ganji, qui était alors à son 30e jour de grève de la faim, conforte l'inquiétude croissante de ses partisans. «Cette flamme est en train de s'éteindre, mais [ma] voix en soulèvera d'autres encore plus fortes», dit-il. Akbar Ganji, qui exige sa libération sans condition, répète préférer mourir plutôt que d'abdiquer ses idéaux: «Socrate a choisi la mort pour que ses idées continuent à vivre.»

Il attaque de nouveau très durement le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, et continue à défier le régime islamique, prêchant la «désobéissance civile», au risque de compromettre une éventuelle libération. Akbar Ganji dit pourtant devoir surmonter, pour écrire, une «très grande faiblesse physique qui a consumé [sa] force». Il dit dans sa lettre avoir perdu 22 kilos depuis le début de sa grève de la faim, d'abord observée pendant 12 jours et interrompue par une permission de sortie mais reprise à son retour en prison le 11 juin.

«Sur ordre du procureur de Téhéran, des médecins ont examiné jeudi Akbar Ganji à l'hôpital de la prison et ont constaté que son état était stable», a indiqué le parquet de Téhéran dans un communiqué cité par l'agence officielle Irna.

Le prisonnier, qui a reçu jeudi la visite de trois amis, «a sombré brièvement dans le coma lundi, a dit un proche sous le couvert de l'anonymat. Il est actuellement à l'hôpital de la prison.» «Les médecins disent qu'il a besoin d'un mois de repos absolu hors de la prison», a-t-il ajouté.

Jeudi, le chef adjoint de la justice de Téhéran, Mohammad Salarkia, avait déclaré que l'on ne pouvait pas «libérer tous les prisonniers en grève de la faim».

M. Ganji a été condamné en 2001 à six ans de prison après un article mettant en cause plusieurs dignitaires du régime dans une série de meurtres d'intellectuels et d'écrivains. Incarcéré en avril 2000, il devrait sortir dans quelques mois. Les appels se sont multipliés pour sa libération: la Maison-Blanche, l'Union européenne, le Prix Nobel de la paix iranien Shirin Ebadi et des organisations de défense des droits de l'homme.

À voir en vidéo