Raid israélien et affrontements interpalestiniens - Reprise des violences à Gaza

Gaza — Cinq mois de trêve en danger. À moins d'un mois du retrait prévu de la bande de Gaza, Israël a mené hier de nouveaux raids aériens contre des militants présumés du Hamas, notamment à Gaza, tandis que la ville vivait l'un des pires affrontements interpalestiniens de ces dernières années.
Hier, Tsahal a effectué deux raids contre le Hamas dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, marquant ainsi une reprise de sa politique d'attaques ciblées contre les militants palestiniens.À Gaza, une frappe aérienne contre un minibus transportant un groupe de militants du Hamas et des roquettes artisanales a tué quatre personnes, dont un garde du corps d'Ismail Haniyeh, responsable du mouvement extrémiste. L'explosion a complètement détruit le véhicule, projetant des éclats de métal et des débris humains sur plusieurs centaines de mètres. L'armée israélienne a déclaré avoir visé d'importants artificiers du Hamas qui préparaient de nouveaux tirs de roquettes sur des cibles israéliennes.
En Cisjordanie, une autre frappe a visé deux activistes palestiniens près de Salfit, selon Tsahal. De sources palestiniennes, des hélicoptères ont tiré des missiles, tuant un membre du Hamas et blessant grièvement un second. Sur le terrain, les troupes israéliennes ont ensuite fouillé la zone et tué un troisième militant qui a ouvert le feu avec une arme automatique. Selon les Palestiniens, il s'agissait de Samir Habaweh, un chef local du Hamas.
Cette flambée de violence survient au lendemain de la mort d'une Israélienne, victime de roquettes palestiniennes tirées depuis le nord de la bande de Gaza sur une ferme israélienne, attaque revendiquée par le Hamas et les Brigades des martyrs d'al-Aqsa.
Trêve menacée
La riposte violente d'Israël risque de marquer la fin de la trêve proclamée le 8 février par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Ariel Sharon, dont la patience semble désormais à bout. «Nous prenons ces mesures pour arrêter ces attaques, puisque l'Autorité palestinienne refuse de le faire», a déclaré hier son bureau dans un communiqué.
Côté palestinien, le Hamas et l'Autorité palestinienne ont condamné le raid de Gaza. Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, a annoncé une riposte mais réaffirmé l'engagement du groupe à respecter la trêve, tandis que Saeb Erekat, principal négociateur palestinien, a estimé que l'«escalade et les attaques israéliennes ne mèneront qu'à une seule chose, la diminution de notre capacité» à «maintenir l'ordre et notre autorité».
Commissariat incendié
Cherchant désespérément à protéger la trêve et subissant de fortes pressions israéliennes et américaines, l'Autorité palestinienne a justement été mise à mal hier. Des échanges de tir entre les forces de sécurité et des militants palestiniens ont eu lieu dans le quartier de Zeitoun à Gaza, plus violents affrontements interpalestiniens de ces dernières années. Des militants du Hamas ont incendié un commissariat, un véhicule blindé et trois jeeps de la police. Deux adolescents palestiniens de 13 et 17 ans ont été tués, au moins 25 personnes, dont six policiers et 19 civils, ont été blessées, indiquait-on de sources hospitalières.
Le chef de la sécurité palestinienne, Nasser Yousef, a assuré hier que ses forces «n'hésiteront pas» à restaurer l'ordre et la loi. Mais, malgré son appel à l'arrêt par tous les moyens des tirs de roquettes, les militants ont poursuivi leurs attaques sur des cibles israéliennes durant toute la journée d'hier.
Hier soir, les troupes israéliennes se regroupaient sur deux campements en dehors de Gaza.
Lors d'une réunion tard hier, le ministre israélien de la Défense, Shaul Mofaz, a demandé à ses généraux un plan d'attaque terrestre sur le nord de Gaza, précisant toutefois qu'un tel raid serait retardé pour laisser à l'Autorité palestinienne du temps pour agir.
De son côté, le département d'État a annoncé que la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, se rendra dans les prochains jours au Proche-Orient pour une rencontre avec les responsables palestiniens et israéliens.