Coup de filet mondial dans le dark web

Un énorme coup de filet contre le trafic de drogue sur le Dark Web, version clandestine d’Internet, a mené à 288 arrestations, principalement en Europe et aux États-Unis, et à la saisie de près de 51 millions d’euros (76 millions de dollars canadiens), a annoncé mardi Europol.
Les forces de l’ordre ont saisi la plateforme illégale « Monopoly Market », qui vendait uniquement des stupéfiants, dans la dernière opération d’envergure visant le Dark Web, a précisé la police néerlandaise.
« 288 vendeurs et acheteurs qui se sont livrés à des dizaines de milliers de ventes de biens illicites ont été arrêtés à travers l’Europe, la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Brésil », s’est félicitée l’agence de police européenne, établie à La Haye.
Ont également été saisis 850 kilos de drogue et 117 armes à feu, a ajouté Europol, qui a coordonné l’opération internationale SpecTor ayant impliqué neuf pays.
Des vendeurs arrêtés « étaient également actifs sur d’autres marchés illicites ». Certains d’entre eux étaient des cibles de « haute valeur », selon l’agence, qui a salué une opération « entravant davantage le commerce de drogue et de marchandises illicites sur le Dark Web ».
Le coup de filet a suivi une opération de la police allemande en 2021 au cours de laquelle l’infrastructure criminelle de la plateforme a été mise hors ligne.
« Europol a compilé des ensembles de renseignements sur la base des preuves précieuses fournies par les autorités allemandes », qui « ont servi de base à des centaines d’enquêtes nationales », a déclaré l’agence.
Des arrestations ont eu lieu à travers l’Union européenne — dont 52 en Allemagne, 10 aux Pays-Bas et 5 en France — mais également aux États-Unis (153), au Royaume-Uni (55), et une personne a été arrêtée au Brésil.
Les stupéfiants saisis comprenaient plus de 258 kilos d’amphétamine, 43 kilos de cocaïne, 43 kilos de MDMA et plus de 10 kilos de LSD et de pilules d’ecstasy, a-t-on précisé de même source. 51 millions d’euros ont été saisis en espèces et en monnaies virtuelles.
« Les criminels peuvent s’imaginer être anonymes sur le Dark Web, mais ne le sont pas », a déclaré Nan Van de Coevering, des services d’investigation néerlandais, cité dans un communiqué.
« En réponse à cette opération, nous avons publié une liste sur le Dark Web contenant tous les pseudonymes des vendeurs arrêtés qui ont cessé leurs pratiques illégales », a-t-il précisé.
Les acheteurs savent de cette façon qu’ils ne peuvent pas faire confiance aux individus de la liste, a-t-il ajouté.
« Message fort »
Le Dark Web, une version parallèle d’Internet où l’anonymat des utilisateurs est garanti, subit des assauts croissants depuis quelques années de la part des polices internationales.
« Hydra Market », une plateforme sur le Dark Web considérée comme « le marché illégal ayant le chiffre d’affaires le plus élevé au monde », avec 1,23 milliard d’euros (1,84 milliard de dollars canadiens) de ventes réalisées rien qu’en 2020, a été démantelée en 2022.
En 2021, 150 personnes qui achetaient ou vendaient de la drogue ou des armes sur le Dark Web avaient été arrêtées dans le monde entier lors de l’opération DarkHunTOR.
Cette nouvelle opération, sur trois continents, « envoie un message fort aux criminels du Dark Web », a salué la directrice générale d’Europol, Catherine De Bolle, citée dans le communiqué.
« Les forces de l’ordre internationales ont les moyens et la capacité de vous identifier et de vous tenir responsable de vos activités illégales, même sur le Dark Web », a-t-elle poursuivi.
Un certain nombre d’enquêtes sur l’identité des personnes derrière les comptes du Dark Web ne sont pas encore terminées, selon la police néerlandaise, qui n’exclut pas d’autres poursuites.
Europol a par ailleurs annoncé le mois dernier la fermeture de « Genesis », une des plus grandes plateformes de hackers au monde, facilement accessible sur la Toile, mais sur invitation, qui avait vendu des millions d’identifiants de comptes volés.