Après la catastrophe ferroviaire et la colère, les Grecs appelés aux urnes le 21 mai

Kyriakos Mitsotakis a précisé qu’un deuxième scrutin serait organisé « au plus tard début juillet » si le premier ne permet pas de dégager de majorité absolue ou si les partis ayant réalisé les meilleurs scores ne parviennent pas à former une coalition.
Kenzo Tribouillard Agence France-Presse Kyriakos Mitsotakis a précisé qu’un deuxième scrutin serait organisé « au plus tard début juillet » si le premier ne permet pas de dégager de majorité absolue ou si les partis ayant réalisé les meilleurs scores ne parviennent pas à former une coalition.

Un mois après la catastrophe ferroviaire en Grèce qui a soulevé une vague de colère contre le gouvernement, le premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, sous pression, a annoncé mardi la tenue d’élections législatives le 21 mai.

« Le pays et les citoyens ont besoin d’horizons clairs », a déclaré le chef du gouvernement, au pouvoir depuis juillet 2019, lors d’un conseil des ministres.

« Il y a eu des erreurs, mais nous sommes là pour les corriger », a-t-il reconnu. « Notre devise est désormais d’avancer ensemble », a-t-il plaidé.

Le premier ministre avait jusqu’à présent seulement indiqué que les élections, qui doivent permettre de renouveler les 300 sièges du parlement monocaméral (Vouli), devaient se tenir en mai.

Le dirigeant du parti de droite Nouvelle Démocratie (ND) est confronté à un vaste mouvement de contestation depuis la collision entre deux trains le 28 février, qui a causé la mort de 57 personnes et mis en lumière de graves dysfonctionnements dans les chemins de fer.

Au plus fort des manifestations le 8 mars, 65 000 personnes étaient descendues dans les rues, rappelant les cortèges du début des années 2010 quand, en plein marasme financier, la Grèce avait dû consentir à de douloureuses mesures d’économies budgétaires, suscitant le rejet d’une population s’estimant sacrifiée.

« Grand changement »

Ses deux principaux rivaux politiques, l’ancien premier ministre de la gauche radicale Alexis Tsipras et le dirigeant du parti socialiste Pasok-Kinal Nikos Androulakis, ont appelé à un changement à l’issue des élections.

« Le grand changement dont le pays a besoin arrive », a affirmé le dirigeant de Syriza, qui fut durant ses années au pouvoir (2015-2019) chargé d’appliquer des mesures d’austérité drastiques imposées par les créanciers du pays.

« Les Grecs voteront pour un nouvel espoir », a renchéri M. Androulakis, qui a fustigé « l’effondrement de l’État […], le clientélisme, l’augmentation des inégalités sociales » qui ont notamment caractérisé le mandat de M. Mitsotakis, selon lui.

Aux cris de « Assassins ! » et « Nos vies comptent ! », les Grecs ont manifesté avec force leur indignation face à une classe politique accusée d’incurie depuis des décennies.

Kyriakos Mitsotakis a aussi été étrillé pour sa gestion jugée calamiteuse de l’accident, notamment lorsqu’il a soutenu qu’il s’agissait d’une « tragique erreur humaine ».

Or, si le chef de gare en poste ce soir-là a été placé en détention provisoire après avoir reconnu sa responsabilité, la vétusté du réseau ferré — propriété de l’État -, les retards pris dans la modernisation du système de sécurité et le manque de personnel ont aussi été pointés du doigt.

Défaillances chroniques

 

Contrit, Kyriakos Mitsotakis a fait son mea culpa et reconnu des défaillances « chroniques » dans les chemins de fer.

Dans un pays où la justice est régulièrement accusée de partialité, il a aussi promis la transparence absolue dans l’enquête en cours.

Deux autres chefs de gare mis en cause ont quant à eux été placés en liberté conditionnelle, dont l’un ce mardi, après le paiement d’une caution.

Depuis la catastrophe, l’écart entre la ND et Syriza s’est resserré.

Avec entre 28,5 % et 30,2 % des intentions de vote, la ND ne devance plus son principal rival que de 3,5 à 4,1 points, selon des sondages.

Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, a précisé qu’un deuxième scrutin serait organisé « au plus tard début juillet » si le premier ne permettait pas de dégager de majorité absolue ou si les partis ayant réalisé les meilleurs scores ne parvenaient pas à former une coalition.

En raison de deux réformes électorales entrées successivement en vigueur, les élections législatives du 21 mai se tiendront à la proportionnelle simple tandis qu’en cas de deuxième scrutin, un bonus de sièges sera accordé au parti arrivé en tête.

Au cours de son mandat, Kyriakos Mitsotakis, dont le père a lui même été premier ministre dans le passé, a été au centre d’un retentissant scandale d’écoutes téléphoniques.

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