Zahra Kamil Ali, porte-voix des Amériques à l’OIF

Jean Décary
Collaboration spéciale
La Secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo (à droite) remet à la nouvelle représentante de l’OIF pour les Amériques, Zahra Kamil Ali, sa lettre de mission.
Photo: Photo fournie La Secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo (à droite) remet à la nouvelle représentante de l’OIF pour les Amériques, Zahra Kamil Ali, sa lettre de mission.

Ce texte fait partie du cahier spécial Francophonie

Nommée représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour les Amériques (Québec) à l’automne dernier, Zahra Kamil Ali est une diplomate aguerrie, ayant occupé auparavant les mêmes fonctions auprès de l’Union africaine. Autrefois basée à Paris et à Addis-Abeba, en Éthiopie, c’est à Québec cette fois, dans le nouveau pied-à-terre de l’OIF inauguré il y a à peine un an, que cette Djiboutienne d’origine assure la charge de l’une des 13 représentations extérieures de l’OIF.

La réalité québécoise n’était pas étrangère à la représentante des Amériques à l’OIF, puisqu’elle a eu l’occasion, dans son cheminement universitaire, d’étudier à l’École nationale d’administration publique (ENAP). « J’ai eu un véritable coup de coeur pour le Québec à ma première visite, en 1997. J’ai des amis ici et j’ai côtoyé beaucoup de Québécois dans mes divers rôles professionnels. »

Elle affirme que cette connaissance du Québec l’a aidée à prendre sa décision. « J’étais motivée à venir relever ce défi », dit-elle en entrevue. Aucun choc culturel de son côté donc, mais peut-être un léger sur le plan climatique. « J’étais venue en été, mais je n’avais jamais connu l’hiver ! Cela dit, je suis heureuse de mon choix et je me sens à ma place. »

Née à Djibouti, pays de l’Afrique de l’Est dont les deux langues officielles sont le français et l’arabe, Zahra Kamil Ali a fait des études de droit qui l’ont menée notamment en France, à Besançon et à Strasbourg. Jeune juriste, elle a été cheffe du Département juridique du secrétariat général du gouvernement et, jusqu’à son départ en 2003, conseillère juridique du président de la République de Djibouti.

C’est par la suite qu’elle se joindra à l’OIF, où elle sera basée tour à tour en Éthiopie et en France. Elle y développera, entre autres, une expertise dans les questions de paix et de sécurité en Afrique. « J’ai travaillé sur les processus de transition, les processus électoraux et ceux de sortie de crise, notamment de pays membres de l’OIF comme les Comores, Madagascar, la République démocratique du Congo et la Guinée. »

Une première représentation de l’OIF à Québec

Fraîchement en poste à Québec, Zahra Kamil Ali est actuellement occupée à « opérationnaliser » son nouveau bureau, une première représentation de l’OIF à Québec, qui comptera une dizaine d’employés, et dont le périmètre de représentation recoupe l’ensemble des Amériques à l’exception des Caraïbes. Elle rappelle que cet espace comprend trois membres de l’OIF de plein droit : le Québec, le Nouveau-Brunswick et le Canada, et qu’il y a aussi six membres observateurs : l’Ontario, la Louisiane, le Costa Rica, l’Argentine, l’Uruguay et le Mexique.

L’idée est de renforcer la présence de l’Organisation et son influence dans les Amériques, d’aller à la rencontre des francophones. « Être au Québec, où la langue officielle est le français, tombait sous le sens, en plus de nous rapprocher des autres régions et de nos partenaires pour réaliser un travail politique et une diplomatie de proximité. »

Priorités et partenariats

La mission de la nouvelle représentante de l’OIF en Amérique est claire : contribuer au renforcement de la francophonie et à l’influence de la langue française dans les Amériques. « La langue française est évidemment au coeur de mon mandat et des priorités de la représentation que je dirige. » Celle-ci partage d’ailleurs ses bureaux avec l’Observatoire de la langue française, qui suit l’évolution de la langue française dans le monde et qui publie un rapport tous les quatre ans. « Mon mandat consistera notamment à renforcer la visibilité de l’Observatoire et son impact, à consolider les partenariats existants et à en créer de nouveaux autour de thématiques prioritaires, comme celle de l’expertise francophone en enseignement. »

Elle souligne aussi que la question de la découvrabilité dans le numérique est une priorité partagée avec le gouvernement du Québec. À court terme, Zahra Kamil Ali souhaite mettre en avant des programmes qui touchent au numérique, à l’économie et à la coopération culturelle. « Nous voulons faire des propositions d’offres programmatiques en tenant compte des priorités de la secrétaire générale et des besoins des États membres qui sont sous ma juridiction. »

Interrogée sur l’état fragile du français, voire son recul, au Canada, mais aussi au Québec — et dans une plus large mesure en Amérique du Nord —, la représentante de l’OIF a prudemment rappelé que le travail de son organisation était de renforcer l’utilisation du français dans le monde par toutes sortes d’initiatives. « D’après ma courte expérience au Québec, je peux déjà témoigner de la vitalité du français ici. » Elle rappelle que son organisation et le gouvernement du Québec partagent des objectifs communs quant au rayonnement de la langue française. « Je sens qu’il y a une forte volonté de collaboration de la part du gouvernement. »

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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