Le ministre ukrainien de la Défense remplacé

De violents affrontements ont réduit en champ de ruines certains quartiers de Bakhmout.
Yashuyoshi Chiba Agence France-Presse De violents affrontements ont réduit en champ de ruines certains quartiers de Bakhmout.

Le chef du renseignement militaire, Kyrylo Boudanov, va devenir le nouveau ministre de la Défense de l’Ukraine, qui s’attend à une vaste offensive des troupes russes, dont la pression augmente actuellement dans l’Est.

La nomination de M. Boudanov, 37 ans, est « parfaitement logique en temps de guerre », car « la guerre dicte les mouvements de personnel », a expliqué le député David Arakhamia, qui a annoncé dimanche soir le remplacement au portefeuille de la Défense d’Oleksiï Reznikov, 56 ans.

Ce dernier venait de promettre quelques heures plus tôt au cours d’une conférence de presse des « audits » au sein de son ministère à la suite d’un scandale de corruption lié à l’approvisionnement de l’armée, en pleine invasion russe.

Il avait reconnu à cette occasion que les services de lutte contre la corruption de son ministère avaient « failli à leur tâche » et qu’ils devaient être « entièrement restructurés ».

Les forces armées ukrainiennes ne battent pas en retraite. Elles luttent jusqu’au dernier homme.

 

Son départ survient à un moment où « la situation très difficile dans la région de Donetsk, où il y a des batailles féroces », a souligné dans la soirée le président Volodymyr Zelensky.

« De nombreux rapports indiquent d’ores et déjà que les occupants veulent faire quelque chose de symbolique en février. Pour essayer de venger leurs défaites de l’année dernière. Nous constatons cette pression accrue dans différentes zones de la ligne de front », a-t-il ajouté.

Des avions !

« Aujourd’hui, en ce qui concerne l’obtention d’armes, […] nous avons tout reçu et maintenant nous devons obtenir les avions » pour « protéger notre espace aérien », avait peu auparavant martelé à Kiev le ministre ukrainien de la Défense sortant.

Cela pourrait être des F-16 américains ou « d’autres » appareils, avait poursuivi Oleksiï Reznikov, avant de lancer : « nous aurons aussi les avions ».

Il avait néanmoins déploré les « réticences » à livrer de tels aéronefs à son pays, ce qui va « coûter plus de vies » aux Ukrainiens.

Le ministre avait dans le même temps promis que les armes de longue portée devant être prochainement fournies à l’Ukraine ne serviraient pas à viser le territoire russe, mais seulement les zones occupées, certaines capitales occidentales s’inquiétant d’un risque d’escalade du conflit qui a commencé il y a presque un an.

Combats à Bakhmout

Interrogé sur un éventuel retrait de Bakhmout, dont les soldats russes, épaulés par les mercenaires du groupe Wagner, tentent depuis l’été de s’emparer, M. Reznikov a assuré dimanche que c’était toujours « une forteresse, un symbole ».

Les Russes ont obtenu de petits gains territoriaux ces dernières semaines dans la région avec l’espoir de faire sauter le verrou ukrainien sur cette cité en grande partie détruite et où les deux belligérants subissent de lourdes pertes.

Ils ont notamment pris la bourgade de Soledar et plus récemment le village de Blagodatné.

 

« Des combats acharnés ont lieu dans les quartiers nord [de Bakhmout] pour chaque rue, chaque maison, chaque cage d’escalier », a raconté dimanche le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes sont en première ligne sur place.

« Les forces armées ukrainiennes ne battent pas en retraite. Elles luttent jusqu’au dernier homme », a-t-il reconnu.

Dans le Nord-Est, cinq personnes ont en outre été blessées dimanche dans deux frappes russes sur le centre de Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne, selon le chef de l’administration militaire régionale, Oleg Sinegoubov.

Armes occidentales

 

Le ministre ukrainien de la Défense sortant avait indiqué s’attendre à un assaut russe d’envergure au mois de février.

« Toutes les armes occidentales n’auront pas le temps d’arriver avant cela », mais « nous avons les ressources et les réserves » pour résister, avait-il assuré.

Selon lui, les Russes ont déplacé leurs centres de commandement et leurs entrepôts de munitions de façon à rendre plus difficiles les frappes ukrainiennes destinées à rompre leurs lignes logistiques.

Pour parer à cela, les Américains se sont engagés à fournir des roquettes qui pourraient quasiment doubler la portée des tirs ukrainiens.

Et une série de pays occidentaux, dont les États-Unis mais aussi la France et, après quelques hésitations, l’Allemagne, vont envoyer des chars lourds à Kiev, qui espère par ailleurs passer à l’offensive.

Samedi, le Canada a expédié un premier Leopard 2, de fabrication allemande, à l’Ukraine.

M. Reznikov a pour sa part annoncé que les entraînements avec des Leopard commenceraient lundi.

Avec Ania Tsoukanova à Kiev

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