Se réapproprier l’espace au profit de la communauté
Collaboration spéciale
![« On a commencé à éduquer [les enfants] sur la biodiversité ou le recyclage, et à faire des activités artistiques avec les éléments [des matières résiduelles] qu’on retrouvait, comme les bouchons de plastique. On a commencé à leur donner un sentiment d’appartenance par rapport au lieu », raconte la militante colombienne Leidy D. Lasprilla.](https://media1.ledevoir.com/images_galerie/nwd_1456984_1118286/image.jpg)
Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
À l’instigation d’une jeune militante, un terrain vague, dangereux et jonché de déchets, dans la ville colombienne de Palmira, est réinvesti par les familles et les enfants comme lieu de vie et de sensibilisation à l’environnement.
Visuellement, ça ressemblait à un dépotoir », raconte en espagnol Leidy D. Lasprilla à propos d’un grand terrain vague du quartier Campestre, à Palmira. « Par exemple, tu voyais un arbre, et à côté, tu pouvais voir un sofa troué et sale, et des morceaux de carton. »
Les espaces du genre sont communs dans les quartiers marginalisés et déchirés par la violence de la Colombie, décrit la jeune femme. Ils profitent rarement aux communautés locales. Ils sont souvent délaissés et deviennent associés à la criminalité et aux déchets.
Mais en seulement quatre mois d’efforts, le lieu s’est radicalement transformé. « Les enfants ont commencé à s’approprier ces espaces, dit-elle. Ici, nous dansons, nous chantons, nous faisons de la peinture. Les mères s’asseyent dans le parc pour surveiller les enfants. Nous offrons aux enfants des ateliers sur des thèmes divers, comme la conservation de la biodiversité ou le recyclage », ajoute-t-elle, en montrant des photos d’enfants ayant reçu un diplôme en tant que défenseurs de l’environnement.
Le pouvoir d’action d’une jeune leader
Si ce petit exploit a été possible, c’est grâce au leadership de Leidy D. Lasprilla, jeune diplômée en biologie, militante colombienne et défenseure des droits de la personne. À cet effet, la jeune Colombienne a suivi la formation virtuelle « Connectons pour les droits » de l’organisation d’éducation aux droits de la personne Equitas, basée à Montréal. La formation vise à renforcer les capacités des participants à réaliser des activités d’éducation aux droits de la personne. « La formation m’a permis d’utiliser plusieurs outils, comme des documents légaux de l’Organisation des Nations unies, et a permis de renforcer mes aptitudes de leadership », souligne la jeune femme avec gratitude.
Grâce à une bourse d’études, la jeune militante a étudié la biologie dans une bonne université du pays. Après avoir été forcée de déménager à l’âge de 13 ans en raison du climat de violence dans son quartier, Leidy D. Lasprilla a commencé très tôt à s’impliquer dans sa communauté. Elle est rapidement devenue leader environnementale avec Artex social, une organisation qui vise à fournir des outils et des aptitudes aux jeunes de 5 à 15 ans à travers des ateliers éducatifs et des activités comme la danse.
« Comme biologiste, je me suis rendu compte qu’il y avait une très grande méconnaissance de l’environnement et que j’avais la responsabilité de faire quelque chose pour que ces enfants et ces jeunes puissent reconnecter avec l’écosystème », observe la biologiste. Elle a proposé le projet Mundo verde [Monde vert] pour le quartier Campestre, qui a enthousiasmé l’équipe d’Artex social. C’était le début de la transformation du terrain vague en espace vert utilisé par la communauté.
L’importance de l’éducation environnementale
Mais les défis sont de taille. « Il y a une différence entre l’action de nettoyer la zone et que les gens cessent de jeter leurs ordures à cet endroit, observe Leidy D. Lasprilla. J’ai compris que la conscience environnementale est un travail qui requiert que la communauté désapprenne et repense [ses actions]. C’est cela, le véritable changement qu’il faut avoir. »
« On a commencé à éduquer [les enfants] sur la biodiversité ou le recyclage, et à faire des activités artistiques avec les éléments [des matières résiduelles] qu’on retrouvait, comme les bouchons de plastique », décrit-elle, en spécifiant qu’une part du projet consiste aussi à travailler avec les parents. « On a commencé à leur donner un sentiment d’appartenance par rapport au lieu. »
À son avis, sensibiliser les enfants et les jeunes permet d’avoir des effets décuplés dans la communauté, tout en formant les leaders de demain qui entreprendront des gestes à grande portée. « Je me sens fière et heureuse d’avoir généré un impact, non seulement sur l’environnement, mais aussi sur la vie de gens, dit-elle. Je sens que je peux encore plus, et je sens une grande responsabilité [à poursuivre dans cette voie]. En travaillant collectivement et en incluant les personnes en situation de vulnérabilité, on peut accomplir de grandes choses, et générer un engagement au niveau mondial. »
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.