Autonomiser la population, une production agricole à la fois
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
Démarré en 2020 par l’organisme de coopération internationale SUCO, le projet PROFI — Femmes et Jeunes s’est donné comme objectif d’améliorer l’autonomie de la population haïtienne, en passant par le milieu agricole.
Le projet PROFI — Femmes et Jeunes a pour but d’améliorer les différentes chaînes des filières de mangue, de noix de cajou et des cultures maraîchères en les rendant plus efficaces et plus résistantes face aux changements climatiques. « Nous sommes surtout dans une démarche d’accompagnement et de renforcement », explique Julie Potvin-Lajoie, chargée de projets à SUCO. Formations sur des techniques agricoles durables, production de cahiers d’apprentissage et installation de pépinières… Ce sont quelques exemples du travail effectué par SUCO à travers le projet PROFI sur le terrain, plus précisément dans le sud du pays.
PROFI — Femmes et Jeunes se décline en trois volets : la production, la transformation et l’entrepreneuriat. Pour une durée de cinq ans, les 600 participants bénéficiaires du projet sont amenés à développer des connaissances de base afin de devenir plus autonomes à long terme. « On veut inciter les gens à investir dans la production agricole et à développer l’autonomie. L’emploi est difficile en Haïti, donc on veut voir comment on peut inculquer cette valeur d’autonomie chez la population », détaille à son tour Smithson Meus, directeur de projet en Haïti.
Trouver et former la relève
Ce sont surtout les personnes âgées de 18 à 40 ans et les femmes qui ont été ciblées pour faire partie du projet. « En termes de leadership, les femmes qui s’investissent dans des activités agricoles est chose récente. On veut que les femmes prennent plus d’initiatives, puisqu’elles étaient habituées à accompagner les hommes avant », souligne M. Meus.
Recruter des gens issus de cette tranche d’âge a été un défi en raison de leur perception sur le milieu de l’agriculture, raconte le directeur de projet. Les équipes de SUCO sur le terrain ont donc dû faire preuve de créativité pour mobiliser les personnes visées par le projet. « En Haïti, l’agriculture est une pratique qui est jugée “vieille”. On a beaucoup insisté pour avoir ces gens de cette catégorie d’âge [18 à 40 ans] pour assurer une relève dans le milieu », décrit Smithson Meus. « La lutte contre cette perception est une bataille de longue haleine. La première stratégie est d’amener des gestes modèles, comme des agriculteurs modèles qui sont jeunes. L’Association des producteurs et vendeurs de fruits du sud nous a beaucoup aidés grâce aux jeunes membres de son réseau », ajoute-t-il.
L’organisme SUCO n’est en effet pas le seul à agir pour rallier la population dans le cadre du projet PROFI — Femmes et Jeunes. C’est grâce à leur partenariat avec différentes instances, telles que le ministère de l’Agriculture et l’Association nationale des transformateurs de fruits, que SUCO a réussi à recruter les personnes bénéficiaires du projet.
Construire la vie de demain
Un tremblement de terre en août 2021, et maintenant, une crise politique qui secoue le pays : les embûches sont multiples pour les équipes locales de SUCO depuis le démarrage du projet. « La route qui relie Port-au-Prince au sud est extrêmement dangereuse. Il y a plusieurs gangs armés qui vont souvent occuper la route. Notre équipe est isolée dans le sud, donc on doit s’approvisionner davantage en région et réduire nos déplacements à la capitale. […] Il y a un impact important sur les coûts du projet », raconte Julie Potvin-Lajoie.
Néanmoins, l’adaptation est la clé pour assurer la continuité de la mission que s’est donnée l’organisme. « Les Haïtiens ont développé ce genre de résilience face aux situations difficiles. […] Les gens se démènent pour trouver des solutions », assure M. Meus.
Que souhaitent Mme Potvin-Lajoie et M. Meus à la fin du projet ? Que la population haïtienne soit mieux armée pour construire leur propre demain. « Mon souhait le plus cher est la durabilité des activités et que les acquis soient transmis à la population, au-delà des 600 personnes bénéficiaires du projet. Lorsque les choses sont bien pensées, on se donne plus de conditions favorables pour qu’il y ait une durabilité dans les actions », croit Julie Potvin-Lajoie. « Comme Haïtien, mon objectif à long terme est d’améliorer le bien-être économique de la population. On essaie d’amener ces réflexions pour qu’elle pense par elle-même. Lorsque le projet prendra fin dans deux ans, qu’on soit plus indépendant de l’aide externe », espère Smithson Meus.
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