Kherson sans électricité ni eau après une frappe

Après deux frappes sur des lignes à haute tension dont Russes et Ukrainiens se renvoient la responsabilité, la ville de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, toujours occupée par l’armée russe malgré une poussée ukrainienne, était dimanche sans électricité ni eau.
C’est la première coupure d’électricité et d’eau d’ampleur connue à Kherson, aux mains de l’armée russe depuis le début de son offensive en Ukraine le 24 février.
Kherson est la principale ville ukrainienne prise par les forces russes depuis février. Les troupes ukrainiennes se rapprochent depuis plusieurs semaines.
Depuis le début du conflit, les militaires ukrainiens ont très rarement touché les infrastructures énergétiques civiles dont les Russes se sont emparés, visant plutôt les lignes d’approvisionnement de l’armée russe.
La Russie, pour sa part, a détruit environ 40 % des infrastructures énergétiques ukrainiennes ces dernières semaines à l’aide de missiles et de drones-suicides, qui ont entraîné des coupures d’électricité et d’eau dans de nombreux endroits, dont la capitale, Kiev.
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a déclaré dimanche dans une interview télévisée ne pas exclure un scénario de blackout total dans sa ville. « Nous calculons différents scénarios afin de résister et d’être prêts », dit-il.
Plus de 4,5 millions d’Ukrainiens étaient sans électricité dimanche soir, la plupart à Kiev et dans sa région, a indiqué le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans son allocution quotidienne, reconnaissant une situation « très difficile ».
La compagnie nationale d’électricité Ukrenergo prévoit un nouveau « déficit énergétique » pour lundi et des coupures tournantes du matin au soir. « La consommation devrait être réduite de 30 % » pour stabiliser le réseau, a expliqué Ukrenergo.
M. Zelensky a précisé avoir discuté dimanche avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de la façon d’« augmenter la pression » sur Téhéran, dont la « complicité avec le terrorisme russe doit être punie ».
Un barrage stratégique
Toujours dimanche, le barrage de Kakhovka, situé à 60 kilomètres à vol d’oiseau de Kherson et sous contrôle russe, a été frappé par un missile ukrainien, sans qu’il y ait de mort ni de blessé, selon les autorités d’occupation russes.
L’état-major ukrainien a assuré de son côté qu’à Kakhovka, « une attaque [ukrainienne] a été menée contre un bâtiment abritant jusqu’à 200 soldats ennemis » et que les Russes « cachent avec précaution les conséquences de cette attaque ».
Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, aménagé le long du Dniepr, permet notamment d’alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou.
Le risque de frappes sur cette installation stratégique est brandi depuis octobre par les Ukrainiens et les Russes, qui s’accusent mutuellement de mettre en danger la vie de « milliers » d’habitants dans cette partie de la région où les troupes de Kiev progressent depuis septembre.
Ces trois derniers jours, les autorités d’occupation russes ont procédé dans les villages autour du site à des « évacuations » de civils face à une « possible attaque au missile » sur le barrage dont la destruction entraînerait « l’inondation de la rive gauche » du Dniepr, selon les autorités locales.
Kiev a condamné à plusieurs reprises ces « déportations » d’habitants de la région vers des territoires moins exposés aux combats, voire vers la Russie elle-même.