Détenue en Irak depuis le 5 janvier - « Mon nom est Florence Aubenas »

Plus de sept semaines après sa disparition en Irak, la journaliste française Florence Aubenas a lancé un appel à l'aide désespéré dans un enregistrement vidéo diffusé hier par des insurgés irakiens.
Dans ce document, le premier rendu public depuis son enlèvement le 5 janvier, la journaliste de Libération sollicite tout particulièrement le concours du député UMP Didier Julia, pourtant critiqué pour son intervention avortée dans une précédenteaffaire d'otages à l'automne dernier.
Le gouvernement, qui a prié l'élu de ne prendre, dans l'immédiat, «aucune initiative personnelle», a aussitôt fait savoir qu'il n'y avait toujours «aucune revendication» ni «aucun contact validé» avec les ravisseurs.
«Nous sommes très préoccupés par cette situation», a déclaré le premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Il a confirmé que la dernière vidéo montrant Mme Aubenas était en cours d'expertise, afin de savoir si elle était antérieure ou postérieure à une autre vidéo remise en toute discrétion jeudi dernier à la famille de la journaliste.
Interrogé par i-télévision, le porte-parole du gouvernement n'a pas voulu dire si l'appel à Didier Julia, réputé proche de Damas, ne suggérait pas l'implication des services syriens dans cette affaire. «Pour moi, c'est très difficile de faire le moindre commentaire sur cette question», a dit Jean-François Copé.
Les États-Unis et la France ont joint récemment leurs voix pour demander le retrait des services secrets et des soldats syriens du Liban.
«Mon nom est Florence Aubenas. Je suis Française. Je suis journaliste et je travaille pour Libération. [...] Ma santé est très mauvaise. Je suis également très mal au plan psychologique», déclare-t-elle dans l'enregistrement non daté rendu public hier.
«Aidez-moi, c'est urgent», ajoute-t-elle, assise devant un fond rouge foncé et fixant la caméra, les jambes ramenées sur sa poitrine.
Jacqueline Aubenas, la mère de la journaliste, a déclaré qu'il fallait négocier et faire vite, après avoir exprimé son soulagement de savoir sa fille en vie. «Tout ceci est une marche montée vers une libération que j'espère extrêmement rapide», a-t-elle dit sur
i-télévision.
Bouleversé par le traitement infligé à Florence Aubenas, Reporters sans frontières (RSF) a appelé les ravisseurs à libérer la journaliste et son accompagnateur et les médias du monde entier à se mobiliser. Libération a exprimé à la fois espoir et inquiétude après la diffusion de la vidéo de Florence Aubenas.
Raafari consulte
Le candidat chiite au poste de premier ministre irakien a rencontré le chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, près d'Erbil, à 350 km au nord de Bagdad. «Nous sommes convenus de poursuivre les discussions», a déclaré M. Jaafari à l'issue de la rencontre, à Salaheddine, à 30 km au nord d'Erbil.
La question de la ville multiethnique de Kirkouk, que les Kurdes revendiquent, n'a pas été soulevée, a-t-il dit.
Le PDK de M. Barzani est l'un des deux piliers, avec l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani, de la liste d'alliance kurde arrivée en deuxième position, avec 75 sièges, après celle de M. Jaafari, qui en contrôle 140.
Le vice-président Barham Saleh, un Kurde, a indiqué que les Kurdes tenaient à un accord écrit de toutes les listes représentées au Parlement sur l'incorporation de la Loi fondamentale (Constitution provisoire) dans la future Constitution permanente.
L'Assemblée de 275 sièges doit élire à une majorité des deux tiers, soit 183 députés, un président et deux vice-présidents qui désigneront à l'unanimité le premier ministre et le gouvernement issu des élections de janvier.