Le G7 va instaurer un plafonnement du prix du pétrole russe

Les pays du G7 ont visé vendredi la manne énergétique de la Russie en convenant de plafonner le prix de son pétrole, provoquant une réaction de Moscou, qui a fait trembler les Européens en annonçant que le gazoduc Nord Stream serait totalement arrêté jusqu’à la réparation d’une turbine.
Une « large coalition » de pays est invitée à mettre en oeuvre cette décision, conclue vendredi lors d’un sommet virtuel des ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés.
« Aujourd’hui, le G7 a franchi une étape essentielle dans la réalisation de notre double objectif, à savoir exercer une pression à la baisse sur les prix mondiaux de l’énergie tout en privant [Vladimir] Poutine de revenus pour financer sa guerre brutale en Ukraine », a immédiatement déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.
La Russie a dénoncé, avant même son officialisation, une mesure « complètement absurde ». Une telle « ingérence » dans le marché pétrolier « ne fera que déstabiliser l’industrie pétrolière, le marché pétrolier. Et pour cela, les consommateurs européens et américains seront les premiers à payer », a indiqué en menace le vice-premier ministre russe Alexandre Novak, cité par les agences de presse russes.
La France, membre du G7, a elle aussi tempéré l’enthousiasme de ses partenaires. « Les travaux techniques sont toujours en cours et, pour nous, il est clair qu’aucune décision définitive ne pourra être prise avant [qu’on ait] consulté et obtenu un avis unanime parmi les 27 États membres de l’Union européenne », a fait savoir le ministère français de l’Économie.
Mécanisme complexe
L’Union se fixe pour objectif d’obtenir cet accord « conformément au calendrier convenu dans le cadre [de son] sixième paquet de sanctions » contre la Russie, a expliqué le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, soit le 5 décembre pour ce qui est des ventes de pétrole brut et le 5 février 2023 pour les produits pétroliers.
« Le plafond des prix sera fixé à un niveau basé sur une série de données techniques et sera décidé par l’ensemble de la coalition avant sa mise en oeuvre », écrivent les sept pays — États-Unis, Allemagne, Canada, Grande-Bretagne, Italie, Japon et France. Concrètement, la Russie vendrait son pétrole à ces pays à un prix inférieur à celui auquel elle le cède aujourd’hui, mais qui resterait supérieur au prix de production, afin qu’elle ait un intérêt économique à continuer à leur en vendre, et ainsi qu’elle ne coupe pas ses livraisons.
Le défi est de rallier le plus de pays possible, car le plafonnement des prix ne fonctionnera que si tous les grands pays acheteurs y participent, soulignent les experts, qui pointent notamment le rôle de la Chine et de l’Inde. Dans ce but, le G7 « invite tous les pays à donner leur avis sur la conception du plafonnement des prix et à mettre en oeuvre cette importante mesure » afin d’établir « une large coalition » permettant de maximiser l’effet de la mesure. Le sommet du G20, réuni à Bali les 15 et 16 novembre, devrait ainsi constituer un rendez-vous crucial de la mise en oeuvre de cette coalition.
Les effets sur l’économie russe
Un tel mécanisme devrait avoir de véritables effets sur l’économie russe, veut croire Mme Yellen. « Nous avons déjà commencé à voir l’impact du plafonnement des prix à travers les tentatives précipitées de la Russie de négocier des échanges bilatéraux de pétrole avec des rabais massifs », souligne la secrétaire au Trésor.
La mesure risque toutefois d’avoir des effets collatéraux sur l’économie mondiale, met en garde le groupe de réflexion Capital Economics. Le mécanisme « pourrait faire grimper davantage les prix mondiaux de l’énergie », écrit-il dans une note, soulignant cependant que « le plafond pourrait également être efficace pour réduire les recettes fiscales du gouvernement russe ».
La décision a été conclue vendredi lors d’un sommet virtuel des ministres des Finances des sept paysles plus industrialisés