Gazprom dit ne pas pouvoir garantir le bon fonctionnement d’un gazoduc sans une turbine

«Gazprom n’a en sa possession aucun document permettant à Siemens de faire sortir du Canada le moteur de turbine à gaz», a déclaré le groupe russe. Pourtant, Ottawa l’a autorisé et Berlin assure que la livraison se fera.
Photo: Jens Buettner dpa via Associated Press «Gazprom n’a en sa possession aucun document permettant à Siemens de faire sortir du Canada le moteur de turbine à gaz», a déclaré le groupe russe. Pourtant, Ottawa l’a autorisé et Berlin assure que la livraison se fera.

Le géant gazier russe Gazprom a affirmé mercredi ne pas pouvoir garantir le bon fonctionnement du gazoduc Nord Stream, qui alimente l’Europe, se disant dans l’impossibilité de confirmer qu’il récupérera une turbine allemande réparée au Canada.

Ces déclarations interviennent alors que ce gazoduc est actuellement à l’arrêt pour dix jours pour des raisons de maintenance, les pays européens craignant que Moscou prétexte un motif technique pour stopper durablement ses livraisons et ainsi faire pression sur eux dans le contexte du conflit en Ukraine.

Avant même l’arrêt de Nord Stream, la Russie avait fortement réduit les livraisons ces dernières semaines en les justifiant par le manque de turbines Siemens, nécessaires selon elle pour faire fonctionner les stations de compression du gazoduc et dont plusieurs unités ont été envoyées dans une usine montréalaise de la marque pour réparation.

« Gazprom n’a en sa possession aucun document permettant à Siemens de faire sortir du Canada le moteur de turbine à gaz pour la station de compression Portovaïa », a déclaré le groupe russe dans un communiqué.

« Dans ces conditions, il n’est pas possible de tirer de conclusion objective » concernant le « fonctionnement en toute sécurité de la station de compression Portovaïa, qui est un équipement essentiel du gazoduc Nord Stream », a ajouté le groupe.

Des sanctions « pas pour punir nos alliés »

Le Canada a pourtant annoncé samedi qu’il allait restituer à l’Allemagne les turbines destinées à Nord Stream, malgré les sanctions qui visent Moscou et les appels de l’Ukraine à ne pas se « soumettre au chantage du Kremlin ».

Le premier ministre Justin Trudeau, jugeant la décision « difficile », a rappelé mercredi que les sanctions mises en place « sont là pour punir Poutine et ses amis et pas pour punir nos alliés et les populations de l’Europe ».

Ottawa a justifié sa décision de renvoyer ces équipements par sa volonté de ne pas accroître le risque de crise énergétique majeure sur le continent européen, qui dépendant fortement de la Russie pour ses approvisionnements de gaz. M. Trudeau a expliqué que le gouvernement canadien a fait ce choix en réponse aux tentatives de la Russie de militariser l’accès en Europe aux sources d’énergie.

L’ambassadrice du Canada en Ukraine a par ailleurs été convoquée lundi à Kiev à la suite de la restitution « inacceptable » par le Canada à l’Allemagne de turbines destinées au gazoduc russe Nord Stream.

Le Congrès mondial ukrainien, qui se veut le porte-voix de la communauté ukrainienne à travers le monde, a aussi assigné mardi le gouvernement canadien en justice en Cour fédérale pour contester sa décision. Dans les documents judiciaires, l’organisme fait valoir que la demande de Gazprom pour ses turbines constitue un « stratagème malhonnête ».

Transport par Siemens

 

Les difficultés autour des livraisons par Nord Stream interviennent au moment où les pays européens s’efforcent de remplir leurs réserves pour l’hiver.

L’Allemagne a qualifié de « politique » la décision prise par Moscou de réduire les livraisons via Nord Stream ces dernières semaines.

Le gouvernement allemand a également indiqué lundi que Siemens était « désormais en train de planifier le transport et le déploiement [de la turbine] dans les meilleurs délais », sans préciser de calendrier concernant le retour de ladite turbine.

« Siemens s’occupera du transport, en accord avec la partie canadienne, puis de la poursuite du transport vers la Russie », a déclaré un porte-parole lundi.

Par ailleurs, la Commission européenne avait confirmé la semaine dernière que ce type d’équipement était exempté du régime des sanctions de l’Union européenne. Cette dernière apporte son soutien à l’Ukraine, qui fait face à une offensive militaire de Moscou.

Avec La Presse canadienne

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