Washington renforce son appui militaire à l’Ukraine

«Personne ne devrait faire des commentaires en l’air sur l’utilisation d’armes nucléaires ou la possibilité d’y recourir, c’est irresponsable», a dit le président américain Joe Biden en conférence de presse jeudi.
Andrew Harnik The Associated Press «Personne ne devrait faire des commentaires en l’air sur l’utilisation d’armes nucléaires ou la possibilité d’y recourir, c’est irresponsable», a dit le président américain Joe Biden en conférence de presse jeudi.

Face à la menace d’une escalade dans la guerre en Ukraine, le président américain, Joe Biden, a mis les pendules à l’heure jeudi en affirmant que les États-Unis n’étaient pas en guerre contre la Russie, mais cherchaient plutôt à soutenir l’Ukraine contre l’agression dont elle est victime depuis plus de deux mois.

« Nous n’attaquons pas la Russie », a lancé le démocrate au lendemain des menaces formulées par Vladimir Poutine d’un recours éventuel à l’arme nucléaire, et ce, après avoir accusé Washington et l’Occident dans les derniers jours de mener une « guerre par procuration » contre la Russie en Ukraine en armant l’ex-République soviétique. « Nous aidons l’Ukraine à se défendre elle-même contre l’agression russe », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse tenue à la Maison-Blanche.

Jeudi, le Kremlin a une nouvelle fois accusé les pays occidentaux d’encourager l’Ukraine à mener des attaques sur le territoire russe par leurs livraisons d’armes à Kiev. Depuis le début de la semaine, plusieurs infrastructures, dont des réserves d’essence et de munitions, ont été détruites du côté russe, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Ukraine.

Or, si ces frappes devaient se poursuivre, elles « entraîneraient certainement une réponse dure de la Russie », a mis en garde jeudi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, en invitant l’Ukraine et ses alliés à prendre les menaces russes au sérieux.

Des menaces qui illustrent bien plus le « sentiment de désespoir » de la Russie face à « l’échec lamentable » de son offensive en Ukraine, a estimé toutefois Joe Biden, qui a vertement dénoncé les insinuations du Kremlin.

« Personne ne devrait faire des commentaires en l’air sur l’utilisation d’armes nucléaires ou la possibilité d’y recourir, c’est irresponsable », a dit le président américain.

Joe Biden a également prévenu que Moscou n’arriverait pas « à dominer l’Ukraine » et que les États-Unis et les Occidentaux allaient tout faire pour contrecarrer les plans de l’autocrate russe.

« L’histoire nous a enseigné que lorsque les dictateurs ne paient pas de prix pour leurs agressions, ils engendrent plus de chaos et plus d’agressions, a-t-il dit. Comme il a choisi de se lancer dans cette agression brutale, il peut tout aussi bien faire le choix d’y mettre fin. »

Un appel au Congrès

 

Faisant fi des menaces russes et tablant une nouvelle fois sur une guerre d’usure qui pourrait encore durer plusieurs mois, la Maison-Blanche a par ailleurs demandé au Congrès d’approuver pour plus de 33 milliards de dollars américains d’aide sécuritaire, économique et humanitaire à l’Ukraine afin d’aider l’ex-République soviétique à repousser l’agresseur russe, a confirmé le président en point de presse.

Cette proposition vient plus que doubler le paquet initial de 13,6 milliards de dollars de défense et d’aide économique pour l’Ukraine et les alliés occidentaux que le Congrès a adopté le mois dernier. Elle comprend, entre autres, 20 milliards de dollars d’aide à la sécurité pour l’Ukraine, dont 5 milliards de dollars pour les armes et autres aides militaires, 6 milliards de dollars pour de l’assistance à la sécurité de l’Ukraine et 4 milliards de dollars pour le programme de financement militaire étranger du département d’État.

Les États-Unis ont déjà fourni pour plus de 3 milliards de dollars d’armement à l’Ukraine depuis l’invasion russe déclenchée le 24 février.

« Le coût de ce combat n’est pas bon marché, a admis Joe Biden, mais céder à l’agression coûtera plus cher, si nous restons sans rien faire. »

Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Jens Stoltenberg, a également réitéré jeudi son soutien à l’Ukraine contre une invasion russe, qui risque désormais de « s’éterniser et durer des mois et des années », selon lui.

« Nous continuerons à exercer une pression maximale sur le président [russe Vladimir] Poutine pour qu’il mette fin à la guerre, et ce, en imposant des sanctions, en apportant un soutien économique, mais aussi un soutien militaire à l’Ukraine, a-t-il dit lors d’un sommet de la jeunesse de l’OTAN qui se tenait à Bruxelles. Et nous devons nous préparer pour le long terme. »

Dans une déclaration, la Maison-Blanche a également mis en relief son plan afin d’accentuer cette pression sur les oligarques et l’élite russes, et ce, en liquidant les avoirs « kleptocratiques » saisis depuis le déclenchement du conflit et en transférant les sommes ainsi acquises à Kiev « pour compenser le préjudice causé par l’agression russe », a précisé l’exécutif américain.

Ces avoirs saisis s’élèvent à ce jour, pour les seuls pays de l’Union européenne, à plus de 30 milliards de dollars, dont près de 7 milliards en biens de luxe appartenant aux oligarques (yachts, œuvres d’art, immobilier et hélicoptères), indique la Maison-Blanche.

Les États-Unis ont quant à eux « sanctionné et bloqué des navires et des avions pour une valeur de plus de 1 milliard, ainsi que gelé des centaines de millions de dollars d’avoirs d’élites russes sur des comptes américains », peut-on lire.

Selon la Banque mondiale, l’économie de l’Ukraine, déchirée par l’invasion russe, par le blocus des ports de la mer Noire dans le sud et par la « profonde crise humanitaire » induite par cette attaque, devrait être réduite de moitié en 2022, avec un produit intérieur brut menacé de diminuer de 45 % cette année, selon l’organisation. En comparaison, le PIB russe, placé sous le coup de sanctions massives depuis son invasion de l’Ukraine, devrait se contracter de 8,5 %, selon les prévisions du FMI dévoilées la semaine dernière.

Avec l’Agence France-Presse

À voir: Où en sommes-nous après deux mois de conflit?



À voir en vidéo