La Russie menace de couper les ponts avec la Station spatiale internationale

Le chef de l'agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozine, assiste à une cérémonie de rapport pour l'équipage du milliardaire japonais Yusaku Maezawa, son assistant Yozo Hirano et le cosmonaute russe Alexander Misurkin avant le lancement au cosmodrome de Baïkonour le 8 décembre 2021.
Photo: Kirill Kudryavtsev Agence France-Presse Le chef de l'agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozine, assiste à une cérémonie de rapport pour l'équipage du milliardaire japonais Yusaku Maezawa, son assistant Yozo Hirano et le cosmonaute russe Alexander Misurkin avant le lancement au cosmodrome de Baïkonour le 8 décembre 2021.

Le chef de l’agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozine, a menacé samedi que la Russie pourrait couper ses ponts avec la Station spatiale internationale en réplique aux sanctions imposées notamment par les États-Unis et le Canada contre Moscou.

M. Rogozine, qui n’a pas ménagé ses publications incendiaires sur les réseaux sociaux depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février, est revenu à la charge dans une série de déclarations sur Twitter samedi. « Je crois que la restauration de relations normales entre les partenaires de la Station spatiale internationale et d’autres projets communs sera possible qu’après la levée totale et inconditionnelle des sanctions illégales», a-t-il écrit en russe sur son compte officiel.

L’homme à la tête de Roscosmos a alors prévenu que l’agence spatiale russe entend préparer « prochainement » des « propositions concrètes » à l’endroit du Kremlin afin de mettre fin à la collaboration de la Russie à la Station spatiale internationale. Actuellement, le pays coopère à ce projet avec les agences spatiales des États-Unis, du Canada, de l’Union européenne et du Japon.

M. Rogozine réagissait ainsi à une lettre qu’il a reçue le 30 mars et signée par l’administrateur de la NASA, Bill Nelson. Ce dernier répondait aux demandes de « clarifications » émises par le chef de Roscosmos concernant les « impacts potentiels des sanctions appliquées par le gouvernement des États-Unis » sur la continuation du programme de la Station spatiale internationale.

La NASA se veut rassurante

La lettre de M. Nelson, partagée sur Twitter, souligne que « les États-Unis continuent de soutenir la coopération gouvernementale internationale » dans l’espace, « en particulier » les activités reliées à l’opération de la Station spatiale internationale avec la Russie, le Canada, l’Europe et le Japon. Selon M. Nelson, une coopération demeure ainsi possible entre Washington et le Kremlin dans l’espace, malgré les mesures de « contrôle des exportations » mises en place par les États-Unis en représailles à l’invasion russe.

La NASA maintient d’ailleurs qu’elle continue de collaborer avec Roscosmos et que cette coopération n’est pas affectée, à l’heure actuelle, par la guerre en Ukraine, selon ce qu’a rapporté samedi le réseau américain CNN. Le journaliste spécialisé dans le domaine spatial pour le média Ars Technica, Eric Berger, a d’ailleurs publié samedi une analyse portant sur ces récentes publications de Dmitri Rogozine dans laquelle il affirme que la fin de la participation de la Russie au sein de la Station spatiale internationale est « improbable », du moins à court terme.

M. Rogozine n’en est d’ailleurs pas à ses premières menaces sur les réseaux sociaux dans le contexte de la guerre en Ukraine. Il avait notamment affirmé à la mi-mars que le fonctionnement des vaisseaux russes ravitaillant la Station spatiale internationale serait perturbé par les sanctions occidentales contre Moscou en lien avec l’invasion de l’Ukraine. Cela risquerait même de provoquer « l’amerrissage ou l’atterrissage forcé » de la Station spatiale internationale, avait-il alors prévenu.

La coopération spatiale internationale s’est d’ailleurs affaiblie à différents égards dans les dernières semaines, en raison de l’invasion russe en Ukraine. L’Agence spatiale européenne a ainsi annoncé le mois dernier la suspension de la mission russo-européenne ExoMars et la recherche d’alternatives pour le lancement de quatre autres missions.

Moscou, pour sa part, a suspendu le lancement de satellites OneWeb, forçant son opérateur britannique à se tourner vers la société américaine SpaceX du milliardaire Elon Musk.

-Avec l’Agence France-Presse

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