Conflit entre la RDC et le Rwanda - L'accord de Pretoria devant l'ONU

La «tâche difficile et compliquée» de la mise en oeuvre de l'accord de Pretoria entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, dont on espère qu'il mettra fin à l'un des conflits les plus meurtriers d'Afrique, a été discutée hier par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Commencés dans la matinée avec une séance publique, les travaux se sont ensuite poursuivis à huis clos et, après une pause à la mi-journée, devaient se terminer dans le courant de l'après-midi.

«L'implication de la communauté internationale, a souligné en ouvrant les débats l'ambassadeur américain John Negroponte, qui assure la présidence tournante du Conseil, est requise pour cette tâche difficile et compliquée.»

Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies, a pour sa part déclaré «penser que la Communauté internationale avait l'obligation de fournir toute l'aide nécessaire pour assurer le succès de cette initiative».

L'accord de Pretoria, a encore dit M. Annan, «constitue une étape politique importante qui peut contribuer à ouvrir la voie au règlement durable de l'un des conflits d'Afrique les plus complexes».

Contre-coup du génocide rwandais, le conflit dans l'est de l'ancien Zaïre, une région riche en matières premières de toutes sortes, a impliqué, outre plusieurs mouvements rebelles congolais ou non, les armées de six pays d'Afrique.

Il a fait au moins 2,5 millions de victimes, essentiellement civiles.

Signé le 30 juillet dernier entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, l'accord de Pretoria prévoyait un cessez-le-feu des parties en présence, cessez-le-feu que celles-ci se sont déjà mutuellement accusées d'avoir violé.

Il prévoit également la mise en place de mesures pour démanteler les miliciens hutus Interhamwe et ex-FAR (ancienne armée rwandaise), responsables du génocide de 1994 au Rwanda, leur regroupement et leur rapatriement au Rwanda, en contrepartie d'un retrait des troupes rwandaises de l'ex-Zaïre en RDC, ainsi qu'une sécurisation de la zone frontière commune Rwanda-RDC.

Cet accord pose également un échéancier de 90 jours à partir de la date de signature pour désarmer les combattants hutus, et de 120 jours pour la vérification du processus.

Il suppose également, mais ce rôle reste encore à définir précisément, l'implication de la mission des Nations unies pour la RDC (MONUC), mise en place en 1999 et qui compte actuellement moins de 4000 militaires et quelque 800 employés civils.Le Rwanda dénonce l'indifférence de la communauté internationale

Par ailleurs, à Kigali, le président rwandais Paul Kagamé a reproché hier à la communauté internationale son scepticisme face à l'accord de paix qu'il a signé la semaine dernière avec son homologue congolais Joseph Kabila.

«Avant que nous signions ce nouvel accord, les Nations unies et la communauté internationale nous pressaient de rencontrer Kabila», a dit Kagamé à l'ouverture, à Kigali, d'un colloque sur la sécurité nationale.

«Maintenant que nous nous sommes rencontrés et que nous avons même signé un nouvel accord de paix, ces mêmes personnes expriment leur scepticisme quant à la viabilité de l'application du traité.»

Les deux présidents ont signé le 30 juillet un accord prévoyant le retrait des forces rwandaises de République démocratique du Congo en échange du désarmement par le Congo des milices hutues rwandaises accusées du génocide de 1994.

Bien que cet accord soit considéré comme l'ébauche possible de la fin de la guerre au Congo, de nombreux observateurs, notamment le chef de la Mission d'observation des Nations unies au Congo (Monuc), estiment que l'échéancier de trois à quatre mois est trop court.

Certains doutent aussi que le Rwanda honore sa promesse de se retirer du Congo, étant donné l'importance des intérêts politiques, militaires et économiques du Rwanda au Congo.

Le Rwanda, qui a déployé entre 30.000 et 35.000 hommes au Congo, dit qu'il a besoin de ces effectifs pour contrer la menace posée par les milices hutues.

Kagamé a affirmé que la communauté internationale avait été lente à réagir à la crise dans la région et qu'elle était coupable d'indifférence, d'ignorance de la situation dans la région, voire de pure malveillance.

«Accuser le Rwanda de dépenser beaucoup pour sa sécurité et sa défense sans même avoir évalué l'ampleur du problème et de ses conséquences relève, d'après moi, de la pure malveillance», a affirmé le président rwandais. /NCD

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