Palestiniens et Américains se parlent à Washington - Dialogue de sourds sur Arafat

Quelque 200 juifs ultra-orthodoxes ont manifesté hier à Jérusalem devant le Dôme du Rocher, haut lieu saint de l’islam.
Photo: Agence Reuters Quelque 200 juifs ultra-orthodoxes ont manifesté hier à Jérusalem devant le Dôme du Rocher, haut lieu saint de l’islam.

Une délégation palestinienne s'est clairement réclamée hier de Yasser Arafat à Washington, devant des dirigeants américains soucieux de promouvoir de nouveaux interlocuteurs pour remplacer le vieux dirigeant.

Le chef de la délégation, Saëb Erakat, a clairement indiqué qu'il n'était pas venu se poser en concurrent de M. Arafat, que l'administration du président George W. Bush a toujours refusé de recevoir à Washington.

«Nous voulons que l'on respecte le choix démocratique du peuple palestinien. Le président Arafat a été élu par le peuple palestinien», a souligné M. Erakat à sa sortie d'un entretien avec le secrétaire d'État, Colin Powell.

Le principal négociateur palestinien, qui est également ministre palestinien chargé des collectivités locales, a ajouté devant la presse que sa délégation était «pleinement mandatée» par le président de l'Autorité palestinienne et n'était «pas composée d'indépendants».

La délégation était également composée des ministres de l'Intérieur Abdelrazek al-Yahya et de l'Économie Maher al-Masri.

Les trois responsables ont également eu des entretiens avec la conseillère du président George W. Bush pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice.

Il s'agissait des plus importants contacts américano-palestiniens depuis le discours de M. Bush, le 24 juin dernier, dans lequel il a demandé la mise en place d'une nouvelle direction palestinienne qui ne soit pas «compromise» dans le terrorisme.

M. Powell, pour sa part, dans une brève intervention devant la presse, a déclaré que les entretiens avaient porté sur les questions de sécurité, sur la situation humanitaire dans les territoires palestiniens et sur les perspectives de règlement politique du conflit, sans faire allusion à M. Arafat.

Le département d'État a toutefois laissé entendre que le dirigeant palestinien était toujours dans le collimateur de Washington, qui souhaite désormais s'entretenir avec d'autres responsables jugés plus ouverts à des réformes.

Par ailleurs, après le rejet par les Palestiniens du plan «Gaza d'abord» proposé par l'État hébreu, un adolescent palestinien de 17 ans a été tué hier par des tirs israéliens lors d'une brève incursion de Tsahal à Beït Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza.

Le plan avancé par Israël prévoit un redéploiement des troupes israéliennes et une levée partielle du bouclage de la bande de Gaza, avant un éventuel retrait des sept villes autonomes de Cisjordanie réoccupées à la mi-juin par Tsahal à la suite d'une série d'attentats suicide à Jérusalem.

Ce retrait interviendrait progressivement, une fois une décrue constatée dans la violence anti-israélienne et si les forces de sécurité palestiniennes répriment les extrémistes.

Sortie de Sharon

Par ailleurs, à Jérusalem, le premier ministre israélien, Ariel Sharon, a estimé hier que l'Autorité palestinienne était dirigée par une «bande d'assassins corrompus et terroristes».

«Pour lancer un processus politique réel susceptible de déboucher sur une paix, il y a un obstacle avec la bande d'assassins corrompus et terroristes qui dirige l'Autorité palestinienne», a affirmé M. Sharon lors d'une cérémonie militaire à Tel-Aviv retransmise par la télévision publique. M. Sharon a réaffirmé qu'il ne pourrait y avoir le moindre progrès dans les discussions avec les Palestiniens «tant qu'il n'y aura pas eu des réformes [de l'Autorité palestinienne] et une réorganisation des services de sécurité palestiniens, tous impliqués aujourd'hui dans le terrorisme».

Il a également estimé indispensable de «réformer la gestion des finances afin d'empêcher que l'argent aide les terroristes».

«Même au sein des Palestiniens, il y a de plus en plus de voix contre le régime terroriste [...] Nous ne sommes pas en guerre contre le peuple palestinien et je suis conscient des souffrances qu'il endure. C'est pourquoi j'ai donné ordre de tout faire pour lui faciliter la vie.» M. Sharon a par ailleurs reconnu qu'il n'y a pas de «solution miracle dans la lutte contre le terrorisme»: «Il faut le dire clairement: il n'y a pas de solution miracle contre le terrorisme susceptible de tout changer d'un seul coup et d'empêcher des attentats», a-t-il ajouté. «Même la clôture de sécurité que nous construisons actuellement le plus vite possible ne constitue pas une solution miracle», a ajouté le premier ministre.

Il faisait allusion à la mise en chantier fin juin d'une clôture électronique qui doit s'étendre sur plus de 350 km le long de la «ligne verte» qui sépare la Cisjordanie du territoire israélien en vue d'éviter des infiltration de kamikazes palestiniens.

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