Le Zimbabwe de Robert Mugabe - Partir ou rester?

Harare — Deux mille neuf cents fermiers blancs du Zimbabwe avaient jusqu'à minuit hier pour quitter les terres qu'ils exploitent depuis des générations, sous peine d'être condamnés à des peines allant jusqu'à deux ans de prison.

Une décision rendue mercredi par la Haute Cour pourrait cependant offrir un délai à la plupart d'entre eux: la juridiction a estimé que l'État ne pouvait confisquer la propriété de l'agriculteur blanc Andrew Kockett, car l'institution qui détient une hypothèque sur ses terres n'a pas été préalablement informée.

Selon le fermier en question, cette décision pourrait être étendue à une majorité d'agriculteurs blancs, ces derniers ayant eux aussi, à l'en croire, hypothéqué leurs exploitations. La Haute Cour devrait également examiner, à une date encore inconnue, un recours d'un autre fermier qui attaque la constitutionnalité de la loi sur l'acquisition des terres.

Le gouvernement du président zimbabwéen Robert Mugabe a lancé il y a deux ans un vaste programme, controversé, afin de récupérer et de redistribuer à la majorité noire les terres qui appartiennent, pour certaines depuis 112 ans, aux fermiers blancs de l'ex-Rhodésie.

Une vague de violences traverse le pays depuis le début d'une campagne d'invasion des propriétés de fermiers blancs, en février 2000, par des activistes progouvernementaux. Onze fermiers blancs ont été tués.

Mais l'ultimatum d'hier contenu dans une loi promulguée en mai pourrait déboucher sur la première expropriation massive puisqu'elle concerne 2900 des 4500 fermiers blancs du pays. Ces derniers sont passibles d'une amende et d'une peine de deux ans d'emprisonnement s'ils refusent de quitter leurs exploitations.

Mugabe, un ancien chef de maquis propulsé à la tête du Zimbabwe depuis son indépendance en 1980, affirme que sa réforme foncière vise à corriger les méfaits du colonialisme britannique, qui a laissé 70 % des meilleures terres agricoles aux mains des fermiers blancs. Si, parmi ces derniers, certains ont fait savoir qu'ils se conformeraient aux injonctions gouvernementales, d'autres entendent les contester devant la justice.

Le Zimbabwe, ancien grenier à céréales de la région, est en proie à une crise économique et agricole. De surcroît, le gouvernement de Mugabe est isolé internationalement, l'Union européenne, le Commonwealth et les États-Unis l'accusant d'avoir truqué l'élection présidentielle de mars.

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