Un suspect dans ​l’assassinat de Khashoggi arrêté à Paris

Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été assassiné en 2018
Photo: Hasan Jamali Archives Associated Press Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été assassiné en 2018

Un homme soupçonné d’être un membre du commando impliqué dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 a été interpellé mardi matin à l’aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle et placé en rétention judiciaire. L’ambassade de l’Arabie saoudite à Paris a exigé en soirée sa « libération immédiate », faisant valoir que le ressortissant « n’a aucun lien avec cette affaire ».

L’homme, qui a présenté un passeport au nom de Khalid Alotaibi, 33 ans, a été interpellé par la police aux frontières alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Riyad, a indiqué une source proche du dossier. Au moment de son passage au contrôle, la notice rouge d’Interpol qui le vise s’est activée, selon cette même source.

Des vérifications étaient toujours en cours mardi soir pour s’assurer de son identité et que le mandat d’arrêt s’applique bien à l’homme interpellé, selon une autre source proche du dossier, qui souligne que sa rétention peut durer 48 heures.

« Le citoyen en question n’a aucun lien avec l’affaire », a vivement exprimé l’ambassade saoudienne en France sur Twitter, ajoutant que les « coupables du meurtre » ont déjà été jugés en Arabie saoudite et y « purgent » leur peine.

L’homme interpellé a été placé en rétention judiciaire dans le cadre d’un mandat d’arrêt international lancé par la Turquie, a précisé une source du milieu de la justice.

Mais selon une source appartenant aux services de sécurité saoudiens, « le véritable Khaled Alotaibi et tous les accusés dans cette affaire sont emprisonnés au sein du royaume » saoudien.

En revanche, si son identité était bel et bien confirmée à l’issue de sa rétention, il devrait être présenté au parquet général de la cour d’appel de Paris, qui devrait lui notifier le mandat d’arrêt.

Il pourrait alors refuser son extradition en Turquie. Dans ce cas, la justice française pourrait demander à ce qu’il reste en France, libre, sous contrôle judiciaire ou sous écrou extraditionnel, le temps que la Turquie fasse une demande d’extradition. D’ici quelques semaines, la cour d’appel devrait alors statuer sur la demande d’extradition.

Khalid Alotaibi est soupçonné d’avoir fait partie d’un commando d’une dizaine de Saoudiens envoyés au consulat d’Istanbul le 2 octobre 2018 pour « exécuter » Khashoggi et « dissimuler les preuves » du meurtre, selon des documents des gouvernements britannique et américain consultés par l’AFP.

Retrouvailles attendues

 

Cette interpellation intervient trois jours après la rencontre entre le président français, Emmanuel Macron, et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Djeddah.

Les retrouvailles avec l’homme fort de Riyad, « MBS », étaient très attendues, trois ans après le choc provoqué par l’assassinat de Jamal Khashoggi à Istanbul.

« Nous avons parlé de tout sans aucun tabou. Et nous avons pu évoquer évidemment la question des droits de l’homme […] et cela a été un échange direct », avait déclaré Emmanuel Macron. « Les prochaines semaines et les prochains mois nous permettront de voir si nous avançons sur ce sujet. »

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