Alexeï Navalny transféré à l’hôpital

La Russie a annoncé lundi avoir transféré dans une unité carcérale médicale l’opposant Alexeï Navalny, en grève de la faim depuis trois semaines, alors que son état de santé est devenu une nouvelle source de tensions entre Moscou et les pays occidentaux.
L’état de santé du militant de 44 ans «est jugé satisfaisant», ont assuré dans la journée les services pénitentiaires, ajoutant qu’il avait accepté de suivre « une thérapie vitaminée ».
Alexeï Navalny a été transféré dans une unité située dans la même région que la prison où il est détenu depuis début mars. Des médecins de son entourage avaient dit samedi craindre qu’il ne fasse un arrêt cardiaque « d’une minute à l’autre » au vu de ses analyses médicales, jugeant « critique » la concentration de potassium dans son sang.
Lundi soir, l’un des avocats de M. Navalny a pu s’entretenir avec lui, a indiqué sur Twitter un proche de l’opposant, Léonid Volkov. Mais « seulement quelques minutes», a-t-il écrit, l’avocat ayant ensuite été «renvoyé pour cause de fin de la journée de travail. »
Il est temps d’agir. Il ne s’agit plus seulement de la liberté de Navalny, mais de sa vie
Le sort d’Alexeï Navalny a été au programme lundi d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), consacrée plus largement aux rapports avec la Russie, avec notamment le déploiement de troupes russes aux abords de l’Ukraine et les expulsions croisées de dizaines de diplomates russes et tchèques.
Ce déploiement aux frontières ukrainiennes est «le plus massif jamais enregistré», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, évoquant « 150 000 militaires ». Ce chiffre a ensuite été ramené à 100 000 militaires dans la version de son discours mise en ligne par l’UE, sans explication.
M. Borrell a également appelé Moscou à donner à Alexeï Navalny un « accès immédiat » à des médecins dans lesquels « il a confiance ». Dans la foulée, le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, a accusé sur Twitter les autorités russes « d’être responsables de la détérioration de la santé de Navalny ».
Ces critiques occidentales sur le traitement de l’opposant au président Vladimir Poutine « ne peuvent être acceptées». a réagi quant à lui le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en matinée.
De son côté, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a transmis des questions à la Russie sur les conditions de détention de M. Navalny, s’inquiétant notamment de savoir si celles-ci étaient « compatibles avec son droit à la vie ».
Alexeï Navalny a arrêté de s’alimenter le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention, accusant notamment l’administration pénitentiaire de lui refuser la visite d’un médecin alors qu’il souffre d’une double hernie discale, selon ses avocats.
Les partisans de l’opposant, qui a survécu a un empoisonnement ordonné selon lui par le Kremlin, ont aussi appelé à des manifestations dans toute la Russie mercredi, jour de l’adresse annuelle au Parlement de Vladimir Poutine.
Le ministère de l’Intérieur a prévenu qu’il ne permettrait aucune « déstabilisation » et qu’il prendrait « toutes les mesures qui s’imposent ». Le bureau du procureur général veut faire interdire le mouvement de M. Navalny, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), pour « extrémisme » .