Les disparités vaccinales se creusent à travers le monde

Pas tous égaux devant la vaccination. Plusieurs pays continuent de creuser leur avance sur le reste du monde avec des campagnes vaccinales qui ont atteint à ce jour la moitié de leur population ou se préparent à le faire, moins de trois mois après le début des opérations. Le Canada vient à peine de dépasser les 10 %.
Panorama de ces chefs de file qui cherchent à atténuer une autre vague de contagion, tout en craignant l’arrivée de nouveaux variants.
Prudent déconfinement en Israël
La COVID-19 n’est pas encore éradiquée, mais elle n’en est plus très loin en Israël, où 9,7 millions de doses de vaccin ont été administrées à ce jour, dans une population de 9,3 millions d’habitants.
Au dernier décompte, 54 % des Israéliens de 16 ans et plus avaient reçu au moins une première de dose de vaccin et 48 % étaient protégés par une double dose. En comparaison, le Canada a vacciné 10 % de sa population, avec 4 millions de doses administrées jusqu’à maintenant, selon les derniers chiffres.
Signe d’avancement du projet : alors que plusieurs pays mettent en place leurs infrastructures vaccinales, la Ville de Tel-Aviv se prépare à fermer deux importants sites de vaccination massive sur lesquels les activités prépandémie se préparent à se remettre en marche. Pour l’un, c’est la reprise de la construction d’un tramway léger. Pour l’autre, un stade, c’est le retour des événements sportifs, rapportait lundi The Times of Israel.
La suite de la vaccination se jouera dans le réseau de cliniques existant.

Israël amorce son déconfinement dans la prudence, en permettant, à partir de mardi, les voyages de ses ressortissants vers l’archipel des Seychelles, pour le temps des vacances, mais en votant au même moment une loi pour se protéger des Israéliens décidant de revenir au pays depuis le reste du monde.
Le Parlement a voté la semaine dernière une loi permettant la surveillance de leur quarantaine obligatoire à l’entrée par bracelet électronique. La peur de l’introduction des variants du coronavirus, plus contagieux et aux conséquences plus sévères, explique en partie cette décision.
Émirats arabes unis
Avec 7,2 millions de doses administrées en trois mois dans leur population de 9,7 millions d’habitants, les Émirats arabes unis arrivent au deuxième rang mondial des pays où la vaccination est le plus avancée. Plus de 52 % des Émiratis ont été doublement vaccinés. L’ensemble du pays devrait l’être d’ici l’été prochain.
Une entente avec le producteur chinois du vaccin Sinopharm explique en partie cette rapidité dans la vaccination. Abou Dhabi a eu accès à des millions de doses après sa participation à des essais cliniques de phase 3, rapidement l’an dernier, pour le compte de la pharmaceutique chinoise. Rappelons que ce vaccin n’a pas été approuvé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ni par les pays occidentaux.
Les vaccins de Pfizer sont également en circulation dans ce pays qui fait des envieux. En février dernier, le chef de la direction du plus grand fonds d’investissement du Canada, RPC, Mark Machin, a démissionné après avoir reconnu s’y être rendu, à titre privé, pour se faire vacciner, jugeant la campagne trop en retard au Canada.
Petite ombre au tableau toutefois, dimanche, le distributeur de Sinopharm a précisé qu’une petite partie des personnes vaccinées allaient devoir recevoir une troisième dose aux Émirats, en raison d’une protection immunitaire inférieure à celle qui était escomptée.
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Britanniques bientôt déconfinés
Au pays de Boris Johnson, le mauvais départ face à la pandémie commence à être surmonté par une meilleure performance du pays en matière de vaccination. Au seuil du printemps, près de 30 millions des 66,6 millions de Britanniques ont déjà reçu une première dose. À ce rythme, le Royaume-Uni pourrait rapidement devancer son objectif de protéger 32 millions de sa population à risque et des plus de 50 ans d’ici le 15 avril.
Dans la foulée, le pays se prépare à sortir progressivement de son confinement dès lundi prochain, en permettant les rassemblements extérieurs de deux familles, en reprenant la pratique des sports à l’extérieur et en remisant l’interdiction de circuler sans raison valable.
Le paradoxe d’États américains
Joe Biden avait promis d’administrer 100 millions de doses de vaccin dans les 100 premiers jours de son mandat. Vendredi dernier, l’objectif a été atteint, six semaines avant l’échéance. Au dernier comptage, 124,4 millions de vaccins ont été inoculés, dans ce pays de 328,2 millions d’habitants.
Mais la rapidité de la vaccination — qui s’est envolée à 6 millions de doses dans les deux derniers jours — s’assortit d’un effet pervers, révélé dans les derniers jours par une étude surprenante de l’organisme Surgo Ventures : dans les États où le programme vaccinal a été offert à un grand éventail d’habitants, comme la Floride ou la Caroline du Sud, le niveau de vaccination est moindre que dans les États qui, comme au Canada, ont choisi des campagnes par étapes et ciblé les personnes selon leur âge, comme c’est le cas à Hawaï et au Connecticut.
« Les infrastructures n’étaient tout simplement pas prêtes [à faire face à la forte demande]. Cela s’est en quelque sorte retourné contre [les États] », a expliqué Rebecca Wurtz, spécialiste des maladies infectieuses de l’Université du Minnesota, cité par l’Associated Press, pour expliquer ce paradoxe. « Dans l’urgence de vouloir satisfaire tout le monde, les gouverneurs de ces États en ont satisfait peu et en ont frustré beaucoup. »
Organisation rapide au Chili
C’est le pays d’Amérique du Sud le plus avancé en matière de vaccination et il se maintient également dans le peloton de tête mondial, avec 5 millions de doses administrées dans son bassin de 18,5 millions d’habitants, en avance de deux semaines sur le plan du gouvernement.
La raison de cette rapidité ? Un accès privilégié au vaccin chinois Sinovac, après son implication très tôt l’an dernier dans ses essais cliniques de phase 3, et des négociations hâtives avec Pfizer pour le préachat de ses vaccins alors que la pandémie ne faisait que commencer.
« Le Chili a l’avantage aussi d’être un petit pays qui n’a que deux ordres de gouvernement, national et municipal, pour organiser la campagne de vaccination, résume en entrevue Jay Kaufman, épidémiologiste de l’Université McGill et actuellement professeur invité à l’Université du Chili. Cela lui permet d’avoir une réaction rapide et unifiée que le Canada, avec ses 10 provinces, n’arrive pas à atteindre. » Avec le double de population, le Canada est en retard d’un million de doses sur le Chili.
Ce pays, touché durement par la pandémie, s’est donné jusqu’en juillet pour protéger 80 % de sa population, et ce, alors qu’il entre dans une inquiétante deuxième vague, au retour des vacances d’été qui ont eu lieu dans les dernières semaines là-bas.
Samedi, le Chili a enregistré un nombre record de nouveaux cas de contaminations à cette maladie responsable de 26 % des décès l’an dernier, atteignant ainsi les niveaux de juin dernier, au sommet de sa première vague.