La planète célèbre la fin d’une année difficile

Le monde entre vendredi en 2021 sous l’influence de la pandémie de coronavirus, qui a obligé des milliards de personnes à célébrer le passage au Nouvel An dans l’intimité et chez elles.
Les nouvelles vagues épidémiques contraignent une majorité d’habitants à suivre les célébrations virtuellement, depuis leur canapé, après des mois de restrictions voire de confinement en raison de la COVID-19, qui a fait au moins 1,7 million de morts dans le monde.
Le petit archipel des Kiribati et les îles Samoa, dans le Pacifique, ont été à 10 h 00 GMT (15 h au Québec) les premiers à basculer en 2021, tandis que les îles inhabitées de Howland et Baker devront attendre 26 heures de plus.
La Nouvelle-Zélande — où seules quelques restrictions demeurent, faisant de ce pays l’un des seuls de la planète où les habitants peuvent célébrer le passage à 2021 sans écran interposé — a suivi une heure plus tard, avec de grandes foules réunies à Auckland pour assister à un feu d’artifice.
Bien que largement épargnées par la pandémie, les nations du Pacifique connaissent un Nouvel An d’un genre nouveau en raison des mesures de fermeture des frontières, de couvre-feu et de confinement.
À Sydney, la plus grande ville d’Australie, le célèbre feu d’artifice du Nouvel An a été tiré à 13 h 00 GMT (18 h au Québec) au-dessus de la Baie, mais en l’absence quasi totale de spectateurs après l’apparition d’un récent foyer de contamination dans le nord de la ville qui totalise quelque 150 cas. Même le projet d’autoriser à 5000 personnes travaillant en première ligne dans la lutte contre l’épidémie d’y assister pour les remercier de leurs efforts a été abandonné.
« Tout le monde attend 2021 comme un nouveau départ », a souligné Karen Roberts, l’une des rares spectateurs à être admis dans un bar près du célèbre opéra de Sydney.
« Je survivrai »
À New York, où Times Square déborde habituellement de gens euphoriques sous une pluie de confettis, le quartier de Manhattan était bouclé et les fêtards encouragés à suivre de chez eux le compte à rebours télévisé, avec la chanteuse américaine Gloria Gaynor pour interpréter à 77 ans son célèbre titre disco I will survive (« Je survivrai »).
Après avoir perdu son emploi dans le domaine du marketing, la New-Yorkaise Annika Downs, 27 ans, a confié à l’AFP que 2020 avait été pour elle l’année où « vous perdez tous vos marqueurs ».
Les États-Unis sont le pays du monde le plus endeuillé par la pandémie et dans ses vœux, le maire Bill de Blasio a évoqué 2020 comme « sans doute la plus dure année de l’histoire de New York ». « En janvier, nous allons vacciner un million de New-Yorkais », a-t-il promis.
Des milliers de personnes rassemblées à Wuhan
La gigantesque ville de Wuhan, en Chine, où le virus est apparu pour la première fois fin 2019, a vu des milliers de personnes se rassembler pour célébrer le Nouvel An.

Mêmes scènes à Taipei, capitale de Taïwan, a également organisé une célébration plus traditionnelle, avec des foules se rassemblant pour regarder des feux d’artifice.
À Hong Kong, malgré les restrictions, quelques rares fêtards se sont aventurés sur le front de mer du port Victoria pour faire des selfies.
Et à Tokyo, où les habitants sont confrontés à la perspective de l’imposition de l’état d’urgence après un record de 1300 nouvelles infections quotidiennes, les gens faisaient la queue, visage masqué ou protégé, pour offrir leurs prières du Nouvel An.
En Russie, le président Vladimir Poutine a reconnu dans son discours du Nouvel An qu’une deuxième vague d’infections frappait la nation. « Malheureusement, l’épidémie n’a pas encore été complètement arrêtée. La lutte contre l’épidémie ne s’arrête pas une minute », a-t-il déclaré.
Peu auparavant, une dizaine de personnes ont comme chaque année nagé dans les eaux glacées du lac Baïkal en Sibérie, bravant des températures oscillant entre -26 et -35 °C.
« Agissiez comme si vous l’aviez »
À Londres, durement touchée, les célébrations ont été mises en sourdine, alors que le gouvernement exhortait les gens à rester à la maison pour éviter de propager le virus, avec le slogan « Agissez comme si vous l’aviez ».
La chanteuse américaine Patti Smith, 74 ans, a donné un concert en direct sur Internet en hommage aux soignants du système public de santé du Royaume-Uni décédés de la COVID-19. Mais la diffusion en direct sur écran géant à Piccadilly Circus a été annulée à la dernière minute pour cause de pandémie, et ses fans ont dû se contenter de YouTube.
Simultanément, le Royaume-Uni est entré à 23 h 00 (heure locale) dans une nouvelle ère, en sortant du marché unique européen et de l’union douanière. Quelques dizaines de fêtards seulement se sont présentés sur la Place du Parlement de Londres pour écouter le carillon de Big Ben.
À Édimbourg, les rues du quartier historique pavé de Royal Mile étaient fermées et silencieuses alors que la neige tombait. « C’est assez triste que ce ne soit pas la même chose » que d’habitude, commentait Finn Galloway, un étudiant, regrettant la fête de rue.
Champs-Élysées déserts, Rome dans le calme
Paris a, elle, offert l’image sidérante de ses Champs-Élysées vides, alors que s’y pressent habituellement des centaines de milliers de personnes le dernier soir de l’année. Sous les arbres parés de guirlandes rouges, une vingtaine de policiers arrêtaient les rares véhicules pour vérifier les attestations dérogatoires des conducteurs et verbaliser les contrevenants.

La France vivait un réveillon du 31 sous couvre-feu, encadré exceptionnellement par 100 000 policiers et gendarmes : tout déplacement entre 20 h 00 et 06 h 00 — sauf raison professionnelle ou urgente — était interdit, toute violation du couvre-feu passible d’une forte amende et les fêtes clandestines susceptibles d’être réprimées. Dans plusieurs départements du nord et de l’ouest, la vente et la consommation d’alcool sur la voie publique étaient également prohibées.
C’est depuis leur salon que les Romains assisteront aux festivités qui se dérouleront au Circus Maximus, le plus ancien stade de la ville.
Deux heures de spectacle étaient au programme ainsi qu’une illumination des sites les plus emblématiques de la capitale italienne. Mais la municipalité avait interdit les feux d’artifice et pétards qui d’habitude résonnent un peu partout.
L’Italie est soumise à un confinement jusqu’au 7 janvier avec un couvre-feu à partir de 22 heures.
En Allemagne, dans ses vœux du nouvel An, la chancelière Angela Merkel a prévenu que cette crise « historique » du coronavirus était appelée à se prolonger en 2021 même si le vaccin apporte de l’« espoir ».
« Espoir »
À Dubaï, des milliers de personnes sont attendues pour assister à un spectacle pyrotechnique et laser à Burj Khalifa, la plus haute tour du monde, en dépit de nouveaux cas. Toutes les personnes devront porter un masque ou s’enregistrer à partir d’un QR code.
À Beyrouth, encore sous le choc de l’explosion meurtrière et dévastatrice du 4 août, les autorités ont également assoupli les mesures. Le couvre-feu a été remis à 3 heures du matin. Les bars, restaurants et boîtes de nuit ont rouvert et organisent de grandes fêtes pour le Nouvel An.
Partout dans le monde, des lendemains difficiles sont redoutés.
Au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé au monde, des médecins craignent une nouvelle vague. Sur les réseaux sociaux, circulent des vidéos de personnes faisant la fête sans masque et la télévision a diffusé des images de policiers fermant des bars bondés de clients.