Une seconde pandémie à prévoir : celle de la faim

Le nombre de personnes au bord de la famine a nettement augmenté en 2019, passant de 113 à 135 millions de personnes, en raison des conflits, des problèmes climatiques et des chocs économiques.
Le nombre de personnes au bord de la famine risque de doubler en 2020 à cause de la COVID-19, selon une projection dévoilée mardi par le Programme alimentaire mondial (PAM), dont le patron a mis en garde le Conseil de sécurité de l’ONU contre une « catastrophe humanitaire mondiale ». « Le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie de COVID-19, atteignant alors plus de 250 millions d’ici fin 2020 », a averti cette agence de l’ONU, qui a également contribué mardi à un rapport sur les crises alimentaires.
Selon ce rapport, le nombre de personnes au bord de la famine a nettement augmenté en 2019, passant de 113 à 135 millions de personnes, en raison des conflits, des problèmes climatiques et des chocs économiques. Mais pour 2020, c’est une explosion de ce nombre qui se profile, lequel passerait de 135 à 265 millions de personnes, en raison de l’impact économique causé par la pandémie, selon une projection du PAM, annoncée en marge de la publication du rapport.
Dans le pire des scénarios, nous pourrions avoir une famine dans une trentaine de pays
Lors d’une visioconférence mardi du Conseil de sécurité de l’ONU sur le sujet, David Beasley, patron du PAM, a brossé un panorama très sombre de ce qui attend la planète, en exhortant la plus haute instance des Nations unies à décider rapidement d’actions pour contrer le mouvement. « Nous sommes au bord d’une pandémie de faim », a-t-il dit. « Nous sommes non seulement confrontés à une pandémie de santé mondiale, mais aussi à une catastrophe humanitaire mondiale. Des millions de civils vivant dans des pays marqués par des conflits, dont de nombreuses femmes et enfants, risquent la famine, le spectre de la famine étant une possibilité très réelle et dangereuse », a insisté David Beasley.
« Dans le pire des scénarios, nous pourrions avoir une famine dans une trentaine de pays. En fait, dans dix de ces pays nous avons déjà plus d’un million de personnes dans chacun d’entre eux au bord de la famine », a-t-il précisé, sans identifier les pays en question.
« Des gens qui avaient besoin d’aide vont avoir besoin d’aide plus longtemps et de nouvelles personnes vont se retrouver en situation d’insécurité alimentaire à cause de la COVID-19 », a expliqué à l’AFP Arif Husain, économiste principal au PAM, auteur de l’étude et coauteur du rapport présenté mardi. « Cette COVID n’aurait pu arriver à un pire moment », a-t-il estimé, la situation étant déjà en train de se dégrader. Chaque jour déjà, a-t-il rappelé, « environ 21 000 personnes meurent dans le monde de causes liées à la faim. C’est la situation habituelle dans le monde, avant la pandémie. »