Le COVID-19 sème toujours la mort, mais sa propagation ralentit

Un haut responsable chinois a estimé que son pays était en train de maîtriser l’épidémie.
Photo: Associated Press

Un haut responsable chinois a estimé que son pays était en train de maîtriser l’épidémie.

Le bilan de l’épidémie de pneumonie virale s’est encore alourdi, dépassant les 1700 morts en Chine, lundi matin. Mais le rythme de contamination a amorcé une décrue.

Selon des chiffres officiels publiés lundi, le bilan de l’épidémie de pneumonie virale a atteint les 1765 morts en Chine continentale. En dehors de cette zone, où au moins 70 500 personnes ont été infectées, près de 800 cas de contamination au coronavirus ont été confirmés dans une trentaine de pays du monde.

Même si le COVID-19 a tué pour la première fois vendredi en dehors d’Asie, en l’occurrence un touriste chinois de 80 ans en France, un haut responsable chinois a déclaré que son pays était en train de maîtriser l’épidémie : « On peut déjà constater l’effet des mesures de contrôle et de prévention de l’épidémie dans différentes parties du pays », s’est félicité le porte-parole du ministère chinois de la Santé, Mi Feng.

Des experts internationaux dépêchés à Pékin par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont par ailleurs commencé à discuter avec leurs homologues chinois de l’épidémie du nouveau coronavirus, dont la propagation est « impossible à prévoir », a annoncé dimanche soir l’agence de l’Organision des Nations unies (ONU).

« Nous avons hâte que cette collaboration importante et vitale contribue aux connaissances mondiales sur l’épidémie de #COVID19 », a estimé le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur Twitter.

En visite au Pakistan, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dit avoir confiance que « l’effort gigantesque » consenti par la Chine « permettra le recul progressif de la maladie ».

Le chef de l’OMS a cependant averti de son côté qu’il était « impossible de prévoir quelle direction l’épidémie prendra ». « Nous demandons à tous les gouvernements, toutes les sociétés et tous les organismes de presse de travailler avec nous pour déclencher le niveau d’alarme adéquat sans souffler sur les braises de l’hystérie », a-t-il lancé à la conférence de Munich sur la sécurité.

Planète en alerte

 

Au centre de la crise, la province du Hubei, où 56 millions d’habitants sont coupés du monde depuis le 23 janvier, a encore restreint la liberté de mouvement de ses citoyens bien au-delà de sa capitale Wuhan. Villages et cités résidentielles sont désormais soumis à « une stricte gestion fermée », 24 heures sur 24, ce qui signifie que les habitants ne sont plus censés sortir de chez eux jusqu’à nouvel ordre.

Les achats et la distribution de nourriture et de médicaments peuvent être faits de façon « centralisée », précise une directive provinciale publiée dimanche.

Le principal foyer d’infection hors de Chine reste le paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine au Japon : 355 cas de contamination — dont 15 Canadiens (deux Québécois) — y ont été confirmés. Quelque 70 nouveaux cas ont été annoncés dimanche. Mais les 3711 personnes initialement à bord n’ont pas encore toutes subi les examens permettant d’établir leur éventuelle contamination.

Plusieurs pays — le Canada, les États-Unis, mais aussi Hong Kong, qui comptent près d’un millier de passagers à eux trois — ont choisi en fin de semaine la voie de l’évacuation rapide de leurs ressortissants, bloqués sur le bateau en quarantaine depuis le 3 février. Tard samedi, le gouvernement canadien a annoncé avoir affrété un avion pour rapatrier la plupart des 255 passagers canadiens du Diamond Princess. Au moment où ces lignes étaient écrites, la date à laquelle ces voyageurs seront de retour en sol canadien n’avait pas été précisée.

L’évacuation des passagers américains en quarantaine a quant à elle commencé dans la nuit de dimanche à lundi. Une partie d’entre eux seront transportés dans une base militaire en Californie et d’autres au Texas.

Dans le reste du monde, l’épidémie maintient la planète en alerte, avec quelques centaines de cas confirmés de contamination dans une trentaine de pays. L’Égypte avait annoncé vendredi avoir enregistré le premier cas sur le continent africain. L’île de Taïwan a aussi annoncé dimanche son premier mort, un chauffeur de taxi de 61 ans.

Officiers sanctionnés

 

En Chine, après avoir révoqué vendredi les plus hauts responsables politiques du Hubei et de Wuhan, le régime communiste a poursuivi le mouvement dimanche avec l’annonce de sanctions contre de hauts fonctionnaires de moindre rang. « Lorsque une crise de cette ampleur se produit, cela prend une importance politique, car l’image internationale de la Chine et la légitimité du Parti [communiste] sont en jeu », estime la sinologue Zhou Xun, de l’Université d’Essex, en Angleterre.

Le régime du président Xi Jinping fait face à une vague inédite de mécontentement pour avoir tardé à réagir à l’épidémie. Une colère attisée par la mort, au début du mois, d’un jeune médecin de Wuhan qui avait été convoqué par la police pour avoir lancé l’alerte dès décembre à propos de l’apparition du virus.

« De façon générale, depuis Mao, l’État a fait très peu pour la santé publique », selon Mme Zhou. « Le résultat, c’est que le système de santé est très faible, inefficace, coûteux et chaotique. »

Les infirmières jugent les normes fédérales insuffisantes

Ottawa — La Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers (FCSII) s’insurge contre les lignes directrices de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) visant à protéger les intervenants de la santé de première ligne contre les nouveaux virus comme le COVID-19, affirmant qu’elles ne vont pas assez loin et pourraient mettre leur vie et celle des patients en danger. L’ASPC a récemment mis à jour ces normes en la matière en énumérant les précautions que doivent prendre les travailleurs de la santé au cours de l’examen et du traitement d’un patient présentant les symptômes du nouveau coronavirus. Selon la présidente de la FCSII, Linda Silas, les protocoles de sécurité sont inadéquats par rapport à ceux établis en Ontario ou dans d’autres pays. Elle signale que ces normes supposent que le coronavirus ne peut pas se propager par l’air, ce que les recherches n’ont pas clairement établi. Le gouvernement fédéral devrait faire plus attention jusqu’à ce qu’il en soit sûr à 100 %, avance-t-elle. L’Ontario a publié ses propres lignes directrices, requérant l’utilisation constante de respirateurs jetables au cours d’une consultation tandis que le fédéral exige uniquement un masque chirurgical, à moins que certaines procédures médicales ne soient effectuées. La Presse canadienne


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