Les inspirations idéologiques du principal suspect

Photo: Jonathan Nackstrand Archives Agence France-Presse Le principal suspect des attentats cite entre autres une attaque au camion qui a fait cinq morts, dont une fillette de 11 ans, à Stockholm en avril 2017, comme moment-clé de sa radicalisation.

Le principal suspect de l’attaque des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande motive ses attaques en estimant combattre ce qu’il juge être une submersion culturelle des peuples européens blancs par l’immigration, multipliant notamment les références à la France, étape clé de son cheminement.

Un manifeste de 74 pages, dans lequel l’auteur dévoile ses motivations, se disant « fasciste », dénonçant un « génocide blanc », et revendiquant avoir mené une « attaque terroriste », a été publié vendredi sur les réseaux sociaux.

Idéologie suprémaciste

 

Le titre de ce document de 74 pages, Le Grand Remplacement, fait écho à une théorie du complot de l’extrême droite identitaire, introduite en 2011 par l’écrivain français Renaud Camus sur la disparition des « peuples européens », « remplacés » selon lui par des populations non européennes immigrées.

Le manifeste du suspect, un Australien de 28 ans, porte le sous-titre « Vers une nouvelle société, nous ne cessons de marcher », accompagné d’un logo déclinant des thèmes suprémacistes, comme l’« autonomie ethnique », la « protection de l’héritage et de la culture », l’« anti-impérialisme »...

Dès les premières lignes du document, l’homme enjoint à l’Occident « blanc » d’élever son taux de fertilité, sous peine d’un « remplacement culturel et racial complet du peuple européen », et évoque un « génocide blanc » du fait de l’« immigration de masse » et des « envahisseurs ».

Au fil du document, il se proclame « raciste », « fasciste » et « majoritairement en accord avec Oswald Mosley », fondateur en 1932 de l’Union britannique des fascistes.

Photo: Lise Aaserud Archives NTB Scanpix/AFP Il cite dans le texte différents auteurs d’attaques racistes ou d’ultra-droite, notamment le norvégien Anders Breivik, qui avait tué 77 jeunes militants de gauche en juillet 2011 sur l’île d’Utøya. Il affirme avoir eu «un bref contact» avec lui.

La France, étape-clé de son cheminement

 

Il déclare avoir décidé de fomenter « un attentat violent » en 2017 « en voyageant en tant que touriste en Europe de l’Ouest, en France, en Espagne, au Portugal et ailleurs ».

Il est en Europe en avril 2017 lors de l’attaque au camion de Stockholm qui fait cinq morts, dont une fillette de 11 ans, Ebba Akerlund, « jeune, innocente et morte », « tuée par un attaquant islamiste », écrit-il. « Mon cynisme blasé lors des précédentes attaques n’a pas fait effet. »

Second moment-clé de sa radicalisation, affirme-t-il : la victoire d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen lors de la présidentielle française de 2017, celle, selon lui, d’un « ancien banquier internationaliste, mondialiste, anti-blanc » contre une « mollassonne » et « timide ». Il a plus tard des mots très durs pour le parti de Mme Le Pen, le jugeant « complètement incapable de créer un réel changement ».

« Mon espoir d’une solution démocratique s’est alors envolé », conclut-il, avant d’affirmer avoir visité « une France emplie d’envahisseurs ».

La « goutte d’eau qui fait déborder le vase » fut sa visite des villes françaises, où, dit-il, « dans chaque village les envahisseurs étaient là ».

Photo: Joel Saget Archives Agence France-Presse Le principal suspect affirme que le second moment-clé de sa radicalisation a été la victoire d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen lors de la présidentielle française de 2017. «Mon espoir d’une solution démocratique s’est alors envolé», conclut-il.

Un massacre prémédité de longue date

 

Le tireur confie avoir prémédité son geste depuis ce voyage en Europe en 2017.

Il précise que la Nouvelle-Zélande « n’était pas [son] choix initial » pour perpétrer « l’attaque terroriste », mais qu’il s’est finalement rangé à cette option.

Il ciblait les deux mosquées de Christchurch et de Linwood, où ont eu lieu les tueries, mais aussi une troisième, dans la localité proche d’Ashburton.

Il assure avoir ciblé la population musulmane essentiellement en raison de « ses taux de fertilité particulièrement élevés ».

Partisan d’une ségrégation culturelle

Le tireur affirme ne pas haïr les autres peuples à condition qu’ils restent sur leurs territoires. « Je souhaite le meilleur aux différents peuples du monde, sans distinction d’ethnie, race, culture ou foi, et qu’ils vivent dans la paix et la prospérité, vivant selon leurs traditions, dans leurs propres nations. »

Filiation idéologique

 

Il cite dans le texte différents auteurs d’attaques racistes ou d’ultra-droite, notamment le norvégien Anders Breivik, qui avait tué 77 personnes en juillet 2011, notamment en ouvrant le feu sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l’île d’Utøya. Il affirme avoir eu « un bref contact » avec lui.

Il a aussi « lu les écrits de Dylann Roof », qui avait attaqué une église fréquentée par des Noirs en juin 2015 à Charleston, aux États-Unis, tuant neuf personnes.

Photo: Stephen B. Morton Archives Associated Press Le principal suspect de l'attentat de Christchurch dit aussi avoir «lu les écrits de Dylann Roof», qui avait attaqué une église fréquentée par des Noirs en juin 2015 à Charleston, aux États-Unis, tuant neuf personnes.

De la musique à la gloire des combattants serbes de Bosnie

Il a mis en scène son acte en le diffusant sur les réseaux sociaux. Il écoute dans sa voiture avant l’attaque une chanson à la gloire des combattants serbes de Bosnie de la guerre de Bosnie durant les années 1990.

On voit les noms écrits en alphabet cyrillique de deux personnalités de l’histoire serbe et monténégrine : Marko Miljenov, un général monténégrin qui a combattu les Ottomans, et Stefan Lazar, le roi serbe qui a commandé les troupes serbes lors de la bataille du Kosovo en 1389.

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