Rapport de l’OCDE: les demandes d’asile en baisse dans le monde

En août 2017, une quantité sans précédent de personnes sans papiers sont entrées au Canada, notamment en passant par le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle.
Photo: Annik MH DE Carufel Le Devoir En août 2017, une quantité sans précédent de personnes sans papiers sont entrées au Canada, notamment en passant par le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Alors que dans leur ensemble les pays de l’OCDE ont enregistré une baisse considérable de nouvelles demandes d’asile en 2017, celles reçues par le Canada au cours de la même période ont atteint un niveau historique. C’est ce que révèle, entre autres, la 42e édition du rapport du Système d’observation permanente des migrations de l’OCDE, intitulé Perspectives des migrations internationales 2018, rendue publique mercredi.

Le gouvernement canadien a ainsi reçu 50 470 nouvelles demandes d’asile entre janvier et décembre 2017. C’est plus du double que ce qui avait été enregistré en 2016 alors que l’on comptabilisait 23 830 demandes. C’est également plus qu’en 2001 alors que le pays, en en recevant plus de 44 000, avait pourtant atteint un sommet jusqu’alors inégalé.

Selon le rapport, cette hausse est « largement imputable aux quelque 20 500 demandeurs d’asile entrés au Canada sans passer par les points d’entrée désignés ». Ces derniers ont d’ailleurs été huit fois plus nombreux en 2017 qu’en 2016, où à peine 2500 migrants irréguliers avaient franchi les frontières canadiennes. Le pic d’affluence a été enregistré en août 2017 alors que « le nombre de migrants interceptés alors qu’ils passaient irrégulièrement la frontière entre le Canada et les États-Unis pouvait atteindre 400 par jour ».

Toujours selon le document de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les principaux pays des migrants irréguliers ayant déposé une demande entre le 1er avril et 31 décembre 2017 étaient Haïti, le Nigeria, les États-Unis et la Turquie.

Cet afflux migratoire a forcé le gouvernement canadien à mettre en place un certain nombre de mesures, notamment pour augmenter sa capacité de traitement des demandes.

À contre-courant

 

Les données canadiennes s’inscrivent toutefois à contre-courant de la tendance observée dans l’ensemble des pays de l’OCDE. De fait, après avoir atteint un niveau sans précédent en 2016 (1,64 million), « une baisse sensible est intervenue en 2017 (1,23 million) », peut-on lire dans le document de 433 pages. Ce nombre demeure toutefois largement supérieur à ceux enregistrés avant le début de la crise migratoire.

1,23 million
Le nombre de demandeurs d'asile dans le monde en 2017

Frappée de plein fouet par cette dernière, l’Union européenne (UE) est celle qui a connu le plus grand recul du nombre de demandes au cours de la dernière année. Ainsi, alors qu’ils avaient été près de 1,2 million en 2016 à faire une demande auprès d’un pays de l’UE, ils n’étaient plus que 650 000 en 2017.

Cette variation s’explique, pour l’essentiel, par celle observée en Allemagne, où le nombre de demandes a été près de quatre fois moins élevé en 2017 par rapport à celui enregistré en 2016.

Macron vole au secours de Merkel

Meseberg — Emmanuel Macron a volé mardi à la rescousse d’Angela Merkel en promettant un contrôle plus efficace des migrants, au moment où l’UE fait face à un « choix de civilisation » face aux eurosceptiques. Objet initial de leur rencontre, la création d’un budget pour la zone euro, réclamée par la France, a fait l’objet d’un accord de principe, mais son montant et ses modalités ont été renvoyés à des négociations ultérieures. Une déception pour Paris, qui avait espéré « un accord substantiel » après des mois de négociations. Mais l’urgence était d’épauler la chancelière sur le sujet des migrants, après l’ultimatum de son ministre de l’Intérieur pour qu’elle obtienne d’ici deux semaines des résultats sur l’expulsion des illégaux. Les deux dirigeants ont donc annoncé, après trois heures de réunion à Meseberg, près de Berlin, qu’ils travaillaient à un accord entre plusieurs pays de l’espace Schengen pour refouler tout demandeur d’asile vers l’État où il a été enregistré en premier. Même si les contreparties pour les pays concernés, comme l’Italie ou la Grèce, restent encore floues.


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