Les femmes manifestent à travers le monde

L’Espagne s’est mobilisée pour les droits des femmes jeudi, avec une grève générale «féministe» sans précédent dans le pays.
Photo: Pau Barrena Agence France-Presse L’Espagne s’est mobilisée pour les droits des femmes jeudi, avec une grève générale «féministe» sans précédent dans le pays.

Madrid — Des femmes d’un peu partout dans le monde ont profité jeudi de la Journée internationale des femmes pour réclamer plus d’égalité, plus de respect et plus d’autonomie.

Des manifestantes ont déclenché une grève de 24 heures en Espagne, pendant que des foules descendaient dans les rues de Manille, de Séoul et de New Delhi, notamment.

Des milliers de femmes ont marché en soirée dans les plus grandes rues de villes à travers l’Espagne pour protester contre les écarts de salaire et la violence contre les femmes, et pour réclamer la fin des plafonds de verre dans le monde du travail.

« Si nous freinons, le monde freine », tel a été le slogan scandé au début de plus de 300 manifestations.

Quelque 5,3 millions de personnes ont participé au mouvement de grève, selon deux des principales organisations syndicales espagnoles.

Les arrêts de travail ont été particulièrement remarquables dans les médias, alors que des lectrices de nouvelles et des journalistes brillaient par leur absence à la télévision et à la radio. Près de 7500 femmes journalistes ont signé un manifeste appelant à une égalité des salaires et à des occasions d’emploi.

Contre Duterte

 

Des centaines de manifestantes vêtues de rose et de mauve ont défilé au centre-ville de Manille contre le président philippin Rodrigo Duterte, qu’elles accusent d’être le pire transgresseur des droits des femmes de toute l’Asie.

Les manifestantes ont chanté et dansé avec entrain sur la Plaza Miranda, en distribuant des fleurs aux mères, aux femmes et aux soeurs des trafiquants de drogue tués par les forces de M. Duterte.

En Afghanistan, des centaines de femmes qui n’auraient jamais osé sortir de chez elles sous le règne des talibans se sont rassemblées dans la capitale pour rappeler à leurs dirigeants que beaucoup de travail reste encore à faire pour assurer l’égalité des Afghanes, leur garantir l’accès à l’éducation et les protéger de la violence.

Des centaines de Sud-Coréennes, dont plusieurs vêtues de noir ou agitant des affiches #MoiAussi, se sont rassemblées au coeur de Séoul. Le mouvement #MoiAussi prend de l’ampleur dans ce pays depuis janvier, lorsqu’une avocate a commencé à dénoncer publiquement les inconduites sexuelles et le harcèlement en milieu de travail. Le nombre de femmes qui se manifestent augmente de jour en jour.

En Inde, des centaines de femmes ont défilé dans la capitale pour dénoncer la violence domestique, les agressions sexuelles et la discrimination en milieu de travail.

 

En Afrique, le président ougandais, Yoweri Museveni, a condamné la violence conjugale en traitant les agresseurs de poltrons. « Si vous voulez vous battre, pourquoi ne trouvez-vous pas un autre homme avec qui le faire ? » a-t-il demandé.

« Un moment charnière »

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré que le monde se trouve à un « moment charnière pour les droits des femmes » et a appelé les hommes et les femmes à travailler pour faire de l’égalité des sexes « une réalité » pour toutes et tous.

La Journée internationale des femmes est une journée fériée en Russie, mais la candidate présidentielle Ksenia Sobchak comptait parmi les rares manifestantes dans les rues de Moscou.

 

S’inspirant du mouvement #MoiAussi, Mme Sobchak a manifesté en solitaire devant l’édifice de la Douma pour demander la démission d’un élu bien vu à qui plusieurs femmes journalistes reprochent de les avoir harcelées sexuellement.

En Chine, des étudiantes de l’Université Tsinghua ont profité de l’occasion pour se moquer d’une proposition visant à modifier la Constitution afin d’abolir la limite au nombre de mandats présidentiels. Une bannière affichait, à la blague, que le mandat d’un petit ami devrait lui aussi être illimité.

Les photos des affiches des étudiantes, comme tout ce qui concernait la modification proposée, ont rapidement été retirées des réseaux sociaux.

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