Pâques sera célébré dans la crainte des attentats

Rome — L'Italie a imposé des mesures de sécurité sans précédent hier par crainte d'attentats à l'occasion du week-end de Pâques, en particulier contre le Vatican ou le pape Jean-Paul II.
Le survol de Rome sera notamment interdit aux petits appareils et des avions de chasse et des hélicoptères se tiendront prêts à décoller à tout moment pour intercepter le moindre intrus.La sécurité a toujours été renforcée à Rome à l'occasion du week-end pascal en raison de l'afflux de millions de touristes et de pèlerins venus du monde entier.
Les autorités ont toutefois décidé de prendre des précautions supplémentaires cette année à la suite des attentats du 11 mars à Madrid, dans lesquels 191 personnes ont été tuées.
La détérioration de la situation en Irak, où les combats se multiplient dans l'ensemble du pays, a également nourri la crainte des autorités italiennes.
Comme l'Espagne, prise pour cible en raison notamment de son alignement sur les États-Unis, l'Italie a envoyé quelque 3000 soldats aux côtés de l'armée américaine en Irak.
Parmi les événements particulièrement surveillés ce week-end figure la traditionnelle messe en plein air célébrée demain par Jean-Paul II devant des milliers de personnes rassemblées place Saint-Pierre.
La police a scellé les plaques d'égout près de la place Saint-Pierre et la circulation sera détournée dès la nuit précédente pour éviter tout attentat à la voiture piégée.
Le pape, qui a survécu à une tentative d'assassinat en 1981 place Saint-Pierre, doit faire cinq apparitions tout au long du week-end à Rome et au Vatican.
Alfredo Mantovano, haut responsable au ministère de l'Intérieur, a expliqué hier matin sur les ondes de la radio italienne que
19 000 policiers et 4000 militaires seront mobilisés au cours du week-end pascal.
Outre Rome et le Vatican, plus de 13 000 sites feront l'objet d'une protection policière et militaire renforcée, notamment la tour de Pise, la place Saint-Marc à Venise, la cathédrale de Milan ou encore les musées florentins.
Les violents combats en Irak et les menaces d'attentats ont mis en alerte les autorités de tous les pays occidentaux pour Pâques, période de ferveur religieuse dans le monde catholique.
Jean-Paul II devrait évoquer la guerre en Irak dans son message. Il avait dit l'année dernière sa crainte d'un «affrontement dramatique entre cultures et religions» à cause de ce conflit auquel il avait en vain tenté de s'opposer.
Le risque d'attentat en Italie est réel, mais aucune indication ne permet de parler de projets concrets, affirment cependant tous les responsables italiens.
Prise de conscience
Et le pape s'est refusé à modifier son programme d'activités pour la semaine sainte. Il a écouté hier matin la confession de dix pénitents en la basilique Saint-Pierre et devait présider en fin de soirée la cérémonie du chemin de croix.
Depuis les attentats commis le 11 mars à Madrid et revendiqués par l'organisation al-Qaïda, les Européens ont pris conscience de la proximité de la menace terroriste islamiste.
Les trois pays les plus exposés sont la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Espagne du fait de leur participation à la coalition militaire menée par les États-Unis en Irak.
Scotland Yard a procédé la semaine dernière à une opération de police spectaculaire à Londres et sa banlieue, mettant la main sur 600 kilos d'un engrais pouvant servir à la fabrication d'une bombe et arrêtant neuf suspects dans le cadre de la législation antiterroriste.
Les autorités espagnoles ont pour leur part mis en place depuis lundi un dispositif de surveillance antiterroriste renforcé.