À Montréal, Michelle Obama livre un plaidoyer pour l’éducation et l’égalité

Aussi populaire que son mari, dont la présidence des États-Unis a pris fin il y a un an, Michelle Obama continue de briller autant que lui, sinon plus. Lundi soir à Montréal, l’ex-première dame n’avait rien perdu de sa force d’attraction, séduisant et inspirant un auditoire à qui elle a parlé essentiellement d’éducation lors d’une causerie organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
« Merci », a-t-elle répondu en français à l’accueil que le public galvanisé, voire électrisé, lui faisait. Ils étaient quelque 10 000 spectateurs réunis — dont plusieurs femmes, notamment la mairesse Valérie Plante et Sophie Grégoire Trudeau, en plus de milliers d’étudiants — au Palais des congrès, pour une rencontre en huis clos où aucune photo ni captation vidéo n’était permise. Et même si certains avaient payé plusieurs centaines de dollars pour écouter l’ex-première dame — jusqu’à 1200 $ pour être assis à une table à l'avant de la salle —, la magie a opéré dès son apparition sur scène.
Pour son court entretien dirigé par Sévrine Labelle, présidente de Femmessor, Michelle Obama avait prétendument carte blanche. Elle s’est pourtant limitée aux combats qu’elle menait alors qu’elle était première dame. Malgré quelques questions plus légères (voir encadré), ses propos, plein d’intelligence et d’humour, n’en sont pas moins demeurés convenus. L’éducation en a été le maître mot. Peut-être bien « femmes », aussi. Et « filles ». « Les chiffres montrent que si les filles sont compétentes, elles ne sentent pas qu’elles le sont », a dit l’ex-première dame, insistant sur le fait qu’il faille les soutenir. Même qu’à certaines occasions, elle ne s’est pas gênée pour prendre les hommes à parti et leur rappeler que c’est à tous ceux qui sont en situation de pouvoir de faire changer les choses et de céder leur place aux femmes. « Si vous êtes assis à une table et que vous ne voyez que [des personnes] du même genre, de la même race, vous devez vous poser des questions », a-t-elle dit sous les applaudissements. Quant aux femmes, elles doivent cesser de se dénigrer intérieurement et rassembler leur énergie pour « repousser les barrières », a insisté Michelle Obama, avec cette authenticité et cette aisance à s’exprimer et à séduire qu’on lui connaît. Ses trois conseils aux leaders et à ceux et celles qui aspirent à changer les choses ? « L’éducation, la passion et le compromis. »
Vie à la Maison-Blanche
Michelle Obama est également revenue sur ses années à la Maison-Blanche. Si elle a pu occuper la fonction de première dame — la moins « difficile techniquement » qu’elle a assumée dans sa vie, a-t-elle dit —, c’est grâce à son éducation. « L’éducation est la fondation de tout ce que j’ai accompli dans ma vie. » Elle a exhorté les jeunes à écouter leurs parents au moins sur ce point : « Prenez l’école au sérieux », a-t-elle dit, sous les rires.
Elle a admis avoir elle-même manqué de confiance en elle lorsqu’elle a dû voler de ses propres ailes. « J’avais des doutes et des peurs, mais je me suis rendu compte que c’était dans ma tête. » Elle a aussi admis qu’on a tenté de la décourager d’entreprendre des études dans les plus grandes universités, comme Princeton et Harvard, qu’elle a fréquentées, parce qu’elle était noire. Mais elle a dit être rapidement passée par-dessus, car la confiance profonde qu’elle avait en elle s’était bâtie dès l’enfance, un message qu’elle a tenu à transmettre à toutes les personnes présentes. « J’étais fière de mon histoire, je n’ai jamais cherché à la cacher. […] Je me suis aimée. Je n’ai jamais été une autre que Michelle Obama », a-t-elle déclaré sous les applaudissements.
Et maintenant ?
Des plans pour l’avenir, Michelle Obama en a plusieurs. « Mais pas de politique », a-t-elle lancé, rappelant que sa réelle passion est le changement social. Parmi ses autres projets, en plus de s’occuper de la fondation qu’elle a créée avec son mari, elle termine ses mémoires et prépare l’entrée de sa cadette, Sasha, au collège. « Une fois que mes deux filles seront à cette étape, sky is the limit », a-t-elle affirmé.
La présidence n’est pas pour elle, mais si elle avait « une amie » qui voulait se présenter, elle lui dirait « fais-le ». Tout en la mettant en garde qu’on ne fait pas de la politique pour soi ou pour faire mousser sa carrière. « La politique ne change pas qui tu es, elle révèle qui tu es », avait-elle d’ailleurs lancé d’entrée de jeu. « La politique, c’est un service public, un sacrifice. »
La visite dans la métropole de Michelle Obama survient après celles très rapprochées de son mari, Barack Obama, venu lui aussi à l’invitation de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, de Joe Biden et d’Hillary et de Bill Clinton à la fin de l’année 2017. De passage à Toronto récemment, Michelle Obama se rendra à Vancouver le 15 février prochain et en Alberta au mois de mars.
Cinq questions en rafale
La marche ou le vélo ? Les deux, a-t-elle répondu avant d’opter pour « une longue randonnée ».Une chose dont elle ne peut se passer ? Les frites !
Le cerveau de qui aimerait-elle avoir ? Personne. « Je sais bien ce qui se passe dans le mien, alors je ne prendrais pas le risque d’essayer celui de quelqu’un d’autre. »
Si vous pouviez voyager dans le temps… à quelle époque iriez-vous ? Ici et maintenant. « Je suis noire alors… je n’aimerais pas vraiment retourner en arrière », a-t-elle déclaré sous l’hilarité générale, avant d’ajouter, espiègle : « Regardez qui sont ceux qui veulent retourner en arrière à l’heure actuelle… »
La dernière chanson qui lui a trotté dans la tête ? Celle du film La mélodie du bonheur, au moment où elle a survolé la frontière canadienne. « Parce que si on avait à quitter notre pays pour aller ailleurs, on viendrait ici. »
Ce texte a été modifié après publication. La version originale du texte soulignait que Michelle Obama a considéré son travail de première dame comme le plus difficile techniquement, alors qu’elle a affirmé le contraire.