Favoriser l’entrepreneuriat au féminin

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
Pour favoriser l’autonomisation des femmes et encourager leur leadership, l’organisation Carrefour international s’est fait le tiers d’un partenariat entre l’entreprise canadienne de cosmétiques naturels Green Beaver et une union de productrices de savons sénégalaises.
Lorsqu’en mai 2016, Thioro Fall, la coordonnatrice de l’Union nationale des femmes coopératrices du Sénégal (UNFCS) s’est rendue à Hawkesbury, dans l’Est ontarien, elle ne pensait pas que cela changerait autant sa façon de fabriquer des savons. L’union qu’elle coordonne soutient dix unions régionales et compte près de 15 000 femmes membres. La savonnerie représente une activité très importante pour ces Sénégalaises, qui produisent des pains de savon vendus localement.
« Nous savons que lorsque l’on encourage les femmes et qu’on leur donne un pouvoir économique, nous leur donnons aussi accès à des droits », lance Carine Guidicelli, directrice générale de Carrefour international, qui oeuvre à la réduction de la pauvreté et à la promotion des droits des femmes partout dans le monde. Pour Mme Guidicelli, il n’est pas possible de travailler sur l’espace droit sans également chercher à donner des pouvoirs économiques. C’est pourquoi instaurer un échange entre le secteur privé canadien et une union coopératrice au Sénégal constituait une solution pour favoriser l’entrepreneuriat féminin sur place.
Échange de connaissances

« Ce partenariat nous intéressait beaucoup, car nous avons le savoir-faire, mais nous souhaitions diversifier nos produits », explique Thioro Fall. Dans le cadre de ce premier voyage d’études au Canada en mai dernier, rendu possible grâce à des subventions gouvernementales, elle a notamment appris comment faire du baume à lèvres, un produit qui lui était inconnu avant. « Nous faisions déjà du pain de savon, mais nous avons testé les baumes à lèvres avec des produits naturels que nous avons au Sénégal, comme la cire d’abeille », raconte-t-elle.
Du côté de Green Beaver, accueillir ces femmes a été une riche expérience, autant sur le plan humain que professionnel. « Nous voulions partager notre savoir-faire, leur montrer comment nous fabriquons nos cosmétiques, et la rencontre a été exceptionnelle », raconte Alain Ménard, cofondateur et p.-d.g. de la compagnie, qui n’hésite pas à parler des femmes de l’UNFCS en termes amicaux.
Le partenariat a d’ailleurs été gagnant-gagnant, car Green Beaver a aussi découvert la saponification à froid, traditionnellement utilisée au Sénégal. « Nous faisions tous nos savons à chaud, mais elles nous ont expliqué comment les faire à froid et cela a été une surprise pour nous », se souvient-il. Cette façon de faire lui permet d’utiliser moins d’énergie et libère du temps à ses employés. Grâce à ce procédé, auquel il avoue ne jamais avoir pensé avant, il a ainsi augmenté sa production sans acheter de nouveaux équipements.
Femmes leaders
« Au départ, le projet était de soutenir des activités génératrices de revenus et, aujourd’hui, nous constatons que c’est devenu un projet à part entière d’entrepreneuriat féminin », lance Carine Guidicelli. Dans le cadre du partenariat, les femmes ont aussi pu suivre une formation en entrepreneuriat, donnée par Papillon MDC, une entreprise canadienne travaillant sur les programmes de mentorat. Elles ont aussi reçu de précieux conseils de la part de Green Beaver. « Par exemple, Alain nous a expliqué ce qu’était le cash flow [flux financier], et nous avons appris des techniques pour gérer les stocks de façon rentable, raconte Mme Fall. Nous avons changé nos façons d’acheter, de nous approvisionner et de gérer ; c’est un partenariat qui a été essentiel pour l’UNFCS. » La diversification des produits et les nouvelles techniques de gestion acquises ont permis de faire fructifier leurs recettes en savonnerie. « Le partenariat a été bénéfique autant sur le plan des recettes que sur ceux de l’efficacité économique et de la motivation », avance Thioro Fall.
Aujourd’hui, l’UNFCS est presque victime de son succès. « Nos contraintes sont surtout que nos équipements ne sont pas les mêmes qu’au Canada, nous n’avons pas de laboratoires comme ceux de Green Beaver », explique la coordonnatrice. De son côté, Carrefour international souhaite continuer à soutenir l’union et cherche une façon d’installer de nouveaux équipements sur place. La compagnie Green Beaver aimerait elle aussi continuer ce partenariat en se rendant sur place.
En outre, comme pour célébrer ce précieux partenariat et fêter du même coup les 60 ans de Carrefour internationnal, un savon en comarquage avec Green Beaver devrait être lancé d’ici la fin de l’hiver.
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