Un chef de guerre afghan défie Karzaï

Kaboul — Les forces du général ouzbek Abdul Rashid Dostum se sont emparées hier du chef-lieu de la province septentrionale de Faryab, posant un véritable casse-tête au gouvernement du président Hamid Karzaï.

La veille, les miliciens du général Dostum, officiellement conseiller du chef de l'État, avaient envahi le Faryab à partir de provinces avoisinantes, incitant le gouvernement central à dépêcher des troupes hier pour tenter de rétablir l'ordre.

«Des forces loyales au général Dostum sont entrées dans la ville de Maimana», a reconnu le ministre de l'Intérieur, Ali Ahmad Jalai, lors d'un point de presse. Le chef de la garnison gouvernementale de Maimana, le général Mohammad Hachim Habibi, a quitté la ville avec ses hommes tandis que le gouverneur, Anayatullah Anayat, s'est rendu à l'aéroport.

Selon le ministre de l'Intérieur, l'avant-garde du détachement de 750 hommes de l'armée nationale se trouve déjà à Maimana. Selon le porte-parole du président Karzaï, Jawed Ludin, le chef-lieu de province est tombé «entre les mains d'individus armés irresponsables venus de provinces avoisinantes et de secteurs proches de Maimana. Ils devraient se retirer immédiatement du secteur», a ajouté le porte-parole présidentiel. Un membre de la milice provinciale du général Habibi a précisé que ce dernier se trouvait actuellement à Belcheragh, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Maimana.

Le gouvernement de Kaboul s'est porté au secours d'Anayat en sa qualité de représentant du pouvoir légitime dans le Faryab.

«Le général Dostum est un conseiller du président, ce qui ne l'autorise toutefois pas à déployer des forces ou à se mêler de questions d'ordre militaire», a commenté le porte-parole de Karzaï.

Les forces du général Dostum ont été impliquées dans une série d'affrontements en Afghanistan depuis la chute du régime taliban, fin 2001. Partisan d'un système fédéral, il s'est opposé en vain à la volonté de Karzaï d'instaurer un régime présidentiel fort lors de la réunion en janvier de l'assemblée constituante.

Selon Anayat, Dostum, dont l'armée privée fait partie des milices devant être démobilisées par Karzaï, est passé à l'offensive à la suite du refus du gouvernement central de Kaboul de le nommer, à sa demande, ministre de la Défense ou chef d'état-major de l'armée.

En mars, une flambée de violence avait déjà obligé le président Karzaï à dépêcher 1500 soldats de l'armée nationale à Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan frontalier de l'Iran, pour y rétablir l'ordre.

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