Kosovo: un leader serbe assassiné à Mitrovica

Mitrovica — Un important homme politique serbe du Kosovo, Oliver Ivanovic, a été tué par balles dans la partie serbe de Mitrovica mardi, jour où le dialogue entre Pristina et Belgrade devait reprendre à Bruxelles.
Les responsables, qu’ils soient serbes ou kosovars albanais, se sont gardés de toute accusation explicite contre le camp d’en face.
Mais le ministre serbe des Affaires étrangères, Ivica Dacic, a évoqué un « grave coup porté à la stabilité de la région » des Balkans occidentaux.
Presque un mois avant le dixième anniversaire de la proclamation d’indépendance du Kosovo — que les Serbes ne reconnaissent toujours pas — cet assassinat est de nature à envenimer encore la situation intercommunautaire dans cette ville toujours divisée entre quartiers serbes au nord (13 000 habitants) et albanais au sud (72 000), et en proie à une importante criminalité.
Âgé de 64 ans, Oliver Ivanovic a été, vers 8 h 15, la cible de tireurs se trouvant dans une voiture alors qu’il arrivait aux locaux de son parti situés dans une maison de Mitrovica-Nord, selon une source policière.
Patron d’un parti social-démocrate local, l’Initiative civique, Oliver Ivanovic était considéré comme un modéré dans un univers politique resté radical, près de deux décennies après la guerre entre les forces de Belgrade et la rébellion indépendantiste kosovare (1998-1999). Côté serbe, la vie politique est empreinte d’une violence endémique.
En mai, ce père de quatre enfants avait raconté à l’AFP que son véhicule personnel avait été incendié. Il y voyait une tentative de le faire taire, vouée à l’échec, disait-il.
« Nous ne savons toujours pas qui pourrait être derrière cette attaque », a déclaré à l’AFP le procureur public Shyqri Syla.
Le président du Kosovo, Hashim Thaçi, a « fermement condamné » l’assassinat, tandis que son homologue serbe, Aleksandar Vucic, sans explicitement désigner de suspects, a dénoncé « une attaque d’abord contre les Serbes du Kosovo, mais aussi contre la Serbie dans son ensemble ».
Oliver Ivanovic était une figure politique locale singulière. D’abord condamné à neuf ans de prison pour crimes de guerre, il avait vu sa peine annulée par une cour d’appel en février. Libéré, il devait être rejugé.
Il était un des rares membres de la scène politique serbe kosovare à parler l’albanais et à critiquer publiquement la politique menée par Belgrade au Kosovo. S’il ne reconnaissait pas l’indépendance du Kosovo, Oliver Ivanovic semblait plus enclin au dialogue avec Pristina.