Motassadeq est libéré avant un nouveau procès

Mounir el-Motassadeq
Photo: Agence Reuters Mounir el-Motassadeq

La justice allemande a remis en liberté hier le seul condamné au monde pour les attentats du 11 septembre 2001 avant un nouveau procès en juin, deux mois seulement après l'acquittement d'un autre Marocain, montrant ainsi du doigt le manque de coopération des autorités américaines dans les deux cas.

Détenu depuis novembre 2001, Mounir el-Motassadeq, 30 ans, a quitté dans l'après-midi avec le sourire le palais de justice de Hambourg. Il était attendu par quelques amis et une foule de journalistes auxquels il a refusé de parler.

Auparavant, la Cour d'appel de cette ville avait décidé de le remettre en liberté sous conditions. Le Marocain barbu, qui a dû rendre son passeport, devra résider au domicile de sa femme à Hambourg et se présenter deux fois par semaine à la police.

Cependant, il reste soupçonné de «participation à une organisation terroriste» et «complicité de meurtre dans 3066 cas» (estimation du nombre de morts lors des attentats aux États-Unis), deux chefs d'accusation pour lesquels il avait été condamné en février 2003 à 15 ans de réclusion criminelle, a précisé une porte-parole de la Cour d'appel. Mais pour le dernier chef, el-Motassadeq ne fait plus l'objet d'un «haut degré de suspicion», condition qui aurait été nécessaire pour son maintien en détention réclamé par le Parquet fédéral, a expliqué la cour. Le Parquet a renoncé à déposer un recours contre sa remise en liberté.

Au cours d'une audience à huis clos consacrée vendredi à cette demande de mise en liberté, le ministère public avait présenté des éléments à décharge pour el-Motassadeq, selon la défense. D'après ces documents, le Germano-Marocain Saïd Bahaji, complice présumé des kamikazes du 11 septembre 2001, en fuite, affirme qu'el-Motassadeq n'aurait pas participé à la préparation de ces attentats.

La libération du Marocain survient un mois après la décision de la Cour de cassation allemande de casser le verdict de février 2003 et d'ordonner un nouveau procès, dont le début est prévu le 16 juin à Hambourg. Dans ce verdict, la Cour d'appel, qui juge en première instance certaines affaires de terrorisme, avait estimé qu'el-Motassadeq appartenait à la «cellule de Hambourg», considérée par l'accusation comme la base arrière des kamikazes islamistes liés au réseau terroriste al-Qaïda, à l'origine des attentats du 11 septembre 2001.

Mais le 4 mars, la Cour de cassation, saisie par la défense, avait jugé que les droits de la défense n'avaient pas été pleinement respectés et mis en exergue le refus des autorités américaines de transmettre un autre témoignage à décharge pour le Marocain. Ce témoignage attribué au Yéménite Ramzi Ben al-Shibh, coordonnateur présumé des attentats en détention provisoire aux États-Unis, a aussi pesé dans la décision de la même Cour d'appel d'acquitter début février un autre Marocain, Abdelghani Mzoudi, poursuivi pour les mêmes faits qu'el-Motassadeq.

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