Aristide porte plainte pour enlèvement
Paris — Le président haïtien déchu Jean-Bertrand Aristide a déposé plainte à Paris pour enlèvement, notamment, a-t-on appris hier auprès d'un de ses avocats français.
Cette plainte avec constitution de partie civile a été déposée mardi par Me Gilbert Collard pour «menaces de mort, enlèvement et séquestration», a-t-on précisé au cabinet de l'avocat.Jean-Bertrand Aristide dénonce dans sa plainte le rôle qu'auraient joué les ambassadeurs de France et des États-Unis, Thierry Burkard et James Foley, ainsi que l'écrivain Régis Debray et la soeur de Dominique de Villepin, Véronique Albanel, pour le pousser à quitter Haïti, a-t-on ajouté. Une procédure similaire devrait être engagée aux États-Unis par les avocats américains de Jean-Bertrand Aristide.
Aristide avait quitté Haïti le 29 février sous la pression d'une insurrection armée et, selon lui, des États-Unis et de la France.
À Paris, le ministère des Affaires étrangères a affirmé qu'il y avait bien eu une démission formelle du président déchu mais Me Collard considère qu'une démission «entre les mains de militaires en armes» n'a pas de valeur constitutionnelle.
Aristide avait tout d'abord gagné le Centrafrique, d'où il a affirmé qu'il restait président d'Haïti et qu'il avait été enlevé par les forces américaines, ce que Washington a démenti. Il s'est ensuite rendu à la Jamaïque, un retour dans les Caraïbes qui a suscité des remous dans cette partie du monde.
Le 25 mars, un porte-parole d'Aristide avait démenti les rumeurs selon lesquelles l'ex-président aurait finalement accepté l'asile politique en Afrique du Sud.
«À ce stade, aucune décision n'a été prise quant à la destination de M. Aristide», a-t-il déclaré.