Pour Trump, l’équation politique se complique

Washington — Passée la violente charge de deux élus républicains, Donald Trump s’est réjoui de voir ses détracteurs les plus féroces quitter bientôt la scène, mais son équation politique se complique au moment où il a besoin du Congrès pour faire passer sa réforme fiscale.
S’il est resté muet mardi soir après les réquisitoires à son encontre des sénateurs Bob Corker (Tennessee) et Jeff Flake (Arizona), qui l’ont accusé d’être un « danger » pour la démocratie, le président américain a lancé la contre-offensive mercredi.
« Il y a une grande unité au sein du Parti républicain », a-t-il martelé peu après lors d’une conférence de presse improvisée dans les jardins de la Maison-Blanche, se disant convaincu que le départ de M. Flake était une bonne nouvelle.
Déjà à la manoeuvre, l’équipe Trump peut nourrir l’espoir, même si une victoire démocrate ne peut être exclue, de voir arriver au Sénat des élus républicains moins irrévérencieux pour leur succéder.
Mais le spectaculaire épisode de mardi vient rappeler les profondes fractures idéologiques qui traversent le Parti républicain et donnent des sueurs froides aux stratèges du « Grand Old Party » à l’approche des élections de mi-mandat, prévues en novembre 2018.
L’exercice politique pourrait tourner au casse-tête pour la Maison-Blanche, qui espère le vote prochain d’une baisse massive des impôts, promesse de campagne emblématique du magnat de l’immobilier.
Donald Trump peut-il à la fois cajoler les élus républicains en place à Washington pour étoffer enfin un bilan législatif squelettique tout en soufflant sur les flammes de la révolte alimentée par son ancien conseiller stratégique Steve Bannon ?
Ce dernier est à la manoeuvre pour pousser dès qu’il le peut des candidats « anti-système » et bousculer le GOP avec, comme bouc émissaire désigné, le chef du Sénat, Mitch McConnell.
Autre difficulté pour le 45e président des États-Unis : si Corker et Flake sont sur leur départ, ils ont encore du temps devant eux pour se faire entendre et tenter de faire des émules.
Enhardis par leurs sorties de mardi, ils pourraient devenir des invités de choix pour les talk-shows du dimanche sur les grandes chaînes de télévision américaines.
« Pour les 14 mois à venir, dégagé des contraintes de la politique, je serai guidé seulement par ma conscience, a averti le sénateur de l’Arizona dans une tribune publiée dans le Washington Post. Il est temps que nous disions tous : Assez ! »