Plus de 100 millions de personnes à la merci d’une famine

Un nombre croissant d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère doivent être traités avec des aliments thérapeutiques dans des centaines de centres nutritionnels à travers l’Afrique, ici en Somalie.
Photo: Tony Karumba Agence France-Presse Un nombre croissant d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère doivent être traités avec des aliments thérapeutiques dans des centaines de centres nutritionnels à travers l’Afrique, ici en Somalie.

Rome — Une combinaison de prix records, de conflits et de conditions climatiques extrêmes a fait grimper l’an dernier à 108 millions le nombre de personnes à la merci d’une famine, selon un rapport soutenu par l’ONU et l’Union européenne publié vendredi.

Ce total représente une augmentation de 35 % des personnes aux prises avec une « insécurité alimentaire grave », dont le nombre était estimé à 80 millions en 2015.

Le terme fait référence aux personnes souffrant déjà d’une malnutrition aiguë et qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins énergétiques de manière durable, comme cela peut être le cas des ménages obligés d’abattre leur bétail pour survivre.

Cette insécurité alimentaire risque de s’aggraver encore cette année, dans la mesure où la famine menace directement quatre zones : le Soudan du Sud, la Somalie, le Yémen et le nord-est du Nigeria.

Le rapport, qui s’appuie sur plusieurs méthodologies de mesure, est le fruit d’une collaboration entre l’UE, plusieurs agences onusiennes, l’agence américaine USAID et plusieurs organismes spécialisés régionaux.

La faim exacerbe les crises

 

Dans neuf des dix pires crises humanitaires de l’année, la faim a notamment été causée par un conflit civil. D’autres facteurs entrent parfois en compte, comme les conditions météorologiques, principalement des sécheresses et pluies irrégulières causées par le phénomène El Niño.

Outre les régions menacées de famine, des pays comme l’Irak, la Syrie (ainsi que les réfugiés syriens dans les pays voisins), le Malawi et le Zimbabwe ont vu l’insécurité alimentaire se généraliser chez eux.

« Nous pouvons empêcher que des gens meurent de famine », a insisté José Graziano da Silva, directeur général de la FAO (organisation de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation), en appelant à « intensifier les efforts pour sauver, protéger et investir dans les moyens d’existence ruraux ».

Et il ne s’agit pas que d’une question humanitaire : « La faim exacerbe les crises, entraînant davantage d’instabilité et d’insécurité. Ce qui s’apparente aujourd’hui à un défi lié à la sécurité alimentaire devient demain un défi lié à la sécurité tout court, a prévenu Ertharin Cousin, directrice du Programme alimentaire mondial. C’est une course contre la montre, le monde doit agir maintenant pour sauver les vies et les moyens d’existence de millions de personnes », a-t-elle insisté.

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