Un enfant sur neuf vit en zone de conflit

Un enfant sur neuf vit désormais dans des zones frappées par la guerre ou les conflits violents, soit près de 250 millions d’enfants à travers le monde, estime l’UNICEF. Une situation critique qui double le risque de décès de causes évitables chez les petits de moins de cinq ans, vulnérabilisés par la malnutrition, les maladies infectieuses et l’absence de soins de santé.

L’organisme qui se consacre à l’enfance a chiffré lundi à quelque 2,8 milliards $US le financement nécessaire pour répondre en 2016 aux besoins urgents de 43 millions d’enfants, dans 63 pays où perdurent des crises humanitaires provoquées par des conflits ou des catastrophes écologiques liées aux changements climatiques.

Pour la première fois de son histoire, l’UNICEF prévoit consentir pas moins du quart de son effort humanitaire à l’éducation, soit deux fois plus qu’à l’ordinaire, compte tenu des besoins pressants observés chez des millions d’enfants déplacés à l’intérieur ou à l’extérieur de leur pays. Dans plusieurs des régions touchées, une grande partie des écoles ont été démolies ou sont totalement dépourvues des ressources humaines et matérielles nécessaires pour poursuivre leur mission.

« C’est un investissement crucial, car les écoles permettent d’offrir un lieu sûr pour les enfants, de poursuivre une vie relativement normale et d’obtenir les connaissances de base qui seront essentielles pour leur avenir ainsi que pour reconstruire leur pays », fait valoir Carleen McGuinty, directrice adjointe des programmes et des politiques internationales pour UNICEF Canada.

L’éducation d’abord

La part des fonds d’urgence versés à l’éducation des enfants dépassera ainsi en 2016 celle dévolue à la lutte contre la malnutrition (15 %), et celle prévue pour offrir l’accès à l’eau potable et aux infrastructures sanitaires (21 %), ou à des soins de santé (12 %), affirme la porte-parole de l’organisme.

Grâce à ce nouvel appel à l’aide humanitaire, l’UNICEF espère faire passer de 4,9 à plus de 8,2 millions le nombre d’enfants d’âge scolaire qui pourront retrouver l’accès à une éducation minimale dans les pays dévastés par la guerre, dont cinq millions d’enfants touchés par le conflit syrien.

En Syrie, où bon nombre d’écoles ont été dévastées, une grande part des fonds sera injectée dans des programmes d’« autoformation » qui permettront aux élèves d’accéder à des manuels scolaires et à du matériel de base chez eux ou dans des camps. Au Liban, où sont réfugiés dans des camps pour personnes déplacées des milliers d’enfants syriens et leur famille, l’apport de l’UNICEF permettra de financer des classes alternées de jour et de soir dans les mêmes bâtiments scolaires. « Des professeurs y recevront aussi une formation psychosociale spécifique pour pouvoir intervenir auprès d’enfants qui ont vécu d’importants traumatismes », ajoute Mme McGuinty.

L’Afrique touchée

Ces besoins à l’éducation de base dépassent la seule zone du Moyen-Orient, et se font aussi pressants dans la région centrafricaine, notamment au Nigeria, là où le mouvement insurrectionnel islamiste Boko Haram a poussé à l’exode près de 1,2 million de personnes, dont de nombreux enfants. « Les enfants ne sont plus envoyés dans les écoles qui sont devenues des cibles de Boko Haram. Toute une infrastructure est mise en place dans les camps pour leur permettre de poursuivre leur éducation », soutient la porte-parole d’UNICEF Canada.

En plus de se voir nier l’accès à une éducation de base, les enfants pris au piège dans les zones de conflits sont témoins de violences indicibles, se voient souvent forcés de travailler pour aider leurs parents à subvenir aux besoins de la famille, ou mariés de façon précoce pour alléger le fardeau financier de leurs parents appauvris. Ils sont aussi la proie des divers groupes armés qui les recrutent comme esclaves ou comme enfants-soldats, ajoute Mme McGuinty.

« Les enfants migrants, que ce soit au Yémen, au Soudan du Sud ou dans toute la région syrienne, sont exposés au risque de mauvais traitements, d’exploitation et de trafic d’êtres humains, sans compter les risques potentiellement dévastateurs pour leur santé », a ajouté lundi David Morley, président d’UNICEF Canada.

Somme toute, le gros de l’aide réclamée par l’organisme humanitaire, soit plus de 1,6 milliard de dollars, vise à aider les populations syriennes déplacées dans les pays limitrophes de la Syrie, alors que 188 millions sont jugés nécessaires pour venir en aide aux enfants victimes de la violence qui sévit dans le nord du Nigeria.

250
millions d’enfants vivent en zones de conflit en 2016
Pour les enfants chassés par la guerre de la ville de Daraa, en Syrie, une école sous une tente a été ouverte dans un camp de réfugiés du sud du pays.

Photo: Mohamad Abd Abazid Agence France-Presse


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