Le nombre de domestiques dans le monde a explosé

Le nombre d’employés domestiques a explosé dans le monde, une population qui comprend 83 % de femmes, souvent exploitée, travaillant sans contrat, dans des conditions précaires et avec des faibles salaires, constate un rapport de l’Organisation Internationale du travail (OIT).


Dans sa première étude sur le sujet, publiée mercredi, l’OIT relève qu’entre 1995 et 2010, le nombre de travailleurs domestiques dans le monde a augmenté de 60 %, en raison notamment de l’arrivée sur ce marché de plus de 9 millions de personnes supplémentaires.


Ces femmes sont employées pour prendre soin de personnes âgées ou handicapées ou s’occuper d’enfants. Elles sont « souvent exploitées au-delà de ce qui serait toléré pour les autres professions », a déclaré mercredi Sandra Polaski, directrice générale adjointe de l’OIT. Elles font plus d’heures et souvent n’ont pas de jours de repos, a-t-elle ajouté.


« Il s’agit d’une estimation très prudente, leur nombre est certainement plus élevé », a-t-elle précisé, en présentant ce rapport basé sur des chiffres officiels disponibles dans 117 pays. Ces statistiques ne tiennent pas compte des enfants de moins de 15 ans, travaillant comme domestiques, et qui sont estimés à 7,4 millions, selon des chiffres de 2008.


Le travail domestique représente en moyenne 7,5 % de l’emploi salarié des femmes dans le monde.


Ces femmes domestiques, dont la grande majorité n’a pas signé de contrat écrit, sont particulièrement nombreuses en Asie (21,4 millions, 41 % du total mondial) et en Amérique Latine (19,6 millions, 37 %), deux régions du monde où les inégalités sociales sont très importantes.


Conditions difficiles


On attend des domestiques « qu’ils soient disponibles à toute heure du jour et de la nuit, ils touchent souvent une modeste somme forfaitaire, sans que leurs horaires soient stipulés », indique le rapport. « Parce que très souvent, on ne fait pas de distinction entre les heures travaillées et le repos, la notion d’heures supplémentaires n’existe pas et le travail exercé au delà des horaires normaux n’est pas du tout rémunéré », note Amelita King-Dejardin, spécialiste du travail domestique à l’OIT.


Les spécialistes estiment que le chiffre réel des travailleurs domestiques dans le monde pourrait atteindre au moins 100 millions, car ce type de travail est souvent dissimulé et non répertorié.


Près de 30 % de ces travailleurs de l’ombre sont totalement exclus de toute protection légale et 45 % n’ont droit à aucun congé hebdomadaire ou annuel. En outre, un tiers des femmes domestiques n’ont droit à aucune protection en cas de grossesse.


En 2011, une convention internationale sur le travail domestique a été adoptée par l’OIT. À ce jour, cette convention n’a été ratifiée que par trois États, les Philippines, Maurice et l’Uruguay. Cette convention prévoit une durée de travail raisonnable, un repos hebdomadaire d’au moins 24 heures consécutives, une limitation de paiements en nature, une information claire sur les conditions d’embauche et le respect des droits fondamentaux au travail.


Dans les pays développés, les domestiques représentent 0,8 % de l’emploi total. En Asie, ce pourcentage s’élève à 1,2 %, en Afrique à 1,4 %, au Moyen-Orient à 5,6 %. L’Amérique latine détient le record, avec 7,6 % de l’emploi total.

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