Lourdes peines requises contre 364 militaires turcs
Silivri — Des peines de 15 à 20 ans de prison ont été requises hier à l'encontre de 364 militaires turcs d'active ou à la retraite jugés pour un complot antigouvernemtal présumé connu sous le nom d'affaire Ergenekon.
Le général Cetin Dogan, ancien commandant de la 1e Armée, a quitté l'audience avec fracas lors de ce réquisitoire prononcé à la prison de Silivri, près d'Istanbul, ou se déroule le procès. L'ancien chef d'état-major Ilker Basbug, jugé dans le cadre d'un procès distinct, avait fait de même mardi. Tous deux sont soupçonnés d'avoir joué un rôle de premier plan dans un complot qui aurait visé le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan.Sur les 364 militaires et un civil dont le parquet a réclamé la condamnation hier, 250 sont déjà sous les verrous.
Les généraux turcs, jadis tous puissants, se considèrent traditionnellement comme les garants du système laïque mis en place par le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk. Comme une partie de l'appareil judiciaire, ils se méfient d'Erdogan et de son parti, l'AKP (Parti de la justice et du développement), en raison de ses racines islamistes.
L'affaire Ergenekon remonte à la découverte d'une cache d'armes en 2007, à l'époque où l'armée s'opposait à la nomination à la présidence d'Abdullah Gul, lui aussi issu de l'AKP.
Beaucoup de Turcs disent douter de l'existence d'un tel complot, mais le fort soutien de l'opinion publique au programme de réformes du gouvernement conforte Recep Tayyip Erdogan dans la lutte d'influence qu'il livre à une institution militaire largement discréditée.
Trois coups d'État militaires ont eu lieu en Turquie de 1960 à 1980, et l'armée a contraint un premier ministre islamiste, Necmettin Erbakan, à la démission en 1997.