En poste à Paris - Et Michel Lucier succéda à Marcel Masse
Ce texte fait partie du cahier spécial Le 50e de la Délégation du Québec à Paris
Marcel Masse, de 1996 à 1997, et Michel Lucier, de 1997 à 2000, se sont succédé au poste de délégué général du Québec en France, du milieu des années 1990 jusqu'à l'aube de l'autre siècle. S'ils ont témoigné de cette expérience professionnelle dans le site du 50e anniversaire de la Délégation générale du Québec à Paris (DGQP), ils ont aussi répondu aux questions du Devoir.
Pour un, Michel Lucier considère le délégué comme un véritable ambassadeur du Québec. Marcel Masse, sans pour autant se montrer réducteur dans sa vision de la fonction, pose un regard moderne sur un tel poste: «La montée des transports — et là, je ne parle pas seulement des avions mais aussi d'Internet et de tout ce qui s'est développé depuis une trentaine d'années — fait finalement que le rôle des représentants à l'extérieur a été dans un sens diminué d'autant.»Selon lui, «la définition du mot "ambassadeur" suit la courbe de la relation directe entre les pays. Prenons l'exemple du premier ministre du Québec. À son époque, Duplessis n'a jamais pu venir en France; pour ce faire, il aurait dû effectuer le trajet par bateau ou prendre un vol qui durait de 14 à 15 heures à la fin des années 1950. Aujourd'hui, le premier ministre du Québec vient à Paris cinq ou six fois par année et il a des relations directes avec le chef du gouvernement, le président. Ces deux-là peuvent se téléphoner, ils s'écrivent par courriel et ils se connaissent. Le même mode d'opération s'applique dans le G8, dans le G20 et dans tout ce que vous voulez sur le plan des échanges internationaux», explique M. Lucier.
Ce constat posé, il dépeint ce qui se passe maintenant: «Les bureaux à l'étranger, les délégations et les ambassades doivent d'abord tenir le contact avec les Québécois ou les Canadiens sur le sol de leur juridiction. Deuxièmement, dans le cas d'un délégué du Québec, il doit en faire la promotion sur les plans économique, culturel, universitaire et des investissements; il lui faut développer des relations de bon voisinage et, quand de plus il s'agit du Québec, cela doit se faire dans le sens d'un bon voisinage qui se vit dans un esprit de coopération depuis une cinquantaine d'années; coopération d'État à État, de corporations, d'artistes, de médecins, etc. Enfin, tout le monde a tissé des liens exceptionnels depuis ce temps, qui se sont beaucoup modifiés.»
Ce point de vue exprimé, il va de soi que Marcel Masse a pris la direction de la Délégation dans un climat de lendemain de référendum perdu et d'attentes envolées: «Il y a eu une sorte de baisse de température de ce côté-là et il fallait ne pas baisser les bras à Paris; c'est l'une des raisons pour lesquelles M. Parizeau m'a nommé à ce poste.» Il considère que ce fut une ligne de force qui a laissé son empreinte sur son mandat.
Il fait ressortir un autre aspect de son travail: «J'ai vécu un tournant où les régions de la France ont pris une importance de plus en plus marquée, ce qui n'était pas encore inscrit dans nos habitudes de coopération; c'était très palpable et visible ici.»
«Être délégué général à Paris ou ailleurs, ce n'est pas la même chose», signale en premier lieu Michel Lucier. Il poursuit: «C'est la seule place où le délégué a vraiment un rôle diplomatique et politique. Tout comme un ambassadeur, on l'appelle "chef de mission diplomatique". Impossible d'accoler le mot "ambassade" à cette réalité, parce qu'il ne s'agit pas d'un pays souverain, mais c'est un statut diplomatique et politique reconnu. La chose la plus visible et la plus claire, c'est que les relations se déroulent de gouvernement à gouvernement de façon directe.»
Il reconnaît, à la suite de cette assertion, que le délégué est un véritable ambassadeur: «Un tel état de fait suppose un certain nombre de nuances et de remarques qui peuvent varier en fonction des époques, selon les tempéraments des gens qui sont nommés ou de ceux qui les nomment.»
Retour sur un printemps
Après avoir affirmé, selon les mots de l'écrivain Alain Peyrefitte, que le diplomate «ne fait pas la parole mais porte la parole», il résume le mandat d'un délégué: «Il lui faut respecter des balises qui sont les orientations qu'il reçoit de l'homme politique et du gouvernement qu'il représente. Après quoi, il lui revient d'utiliser les connaissances du terrain qu'il possède et le réseau qu'il a déjà établi sur le territoire, s'il ne s'agit pas de quelqu'un qui est parachuté dans ses fonctions. Voilà ce qui va servir à guider les stratégies à mettre en place et à exécuter les mandats reçus.»
Sur le plan des satisfactions qu'il tire de son passage comme chef de file de la délégation, Michel Lucier identifie en premier lieu le succès que fut la tenue du «Printemps du Québec en France», qui s'est échelonnée sur une période de quatre mois en 1999: «C'est la plus grande activité culturelle que le Québec a présentée à l'étranger.» À ce propos, il rend hommage à un groupe: «J'ai toujours dit et je répète que les délégués généraux du Québec en France doivent avoir la simplicité et la lucidité de reconnaître que nos premiers ambassadeurs, ce sont nos artistes et notre monde culturel.»
Il considère également que la reprise des visites alternées des premiers ministres en France et au Québec a marqué positivement son séjour à Paris. «Elles ont réorienté la coopération et c'est réellement une des choses les plus importantes qui se sont produites et qui se sont traduites par des relations politiques et diplomatiques.»
Il a de plus inscrit ses activités professionnelles dans la foulée de celles de son prédécesseur, Marcel Masse, en accentuant le rapprochement amorcé avec les régions: «On a assisté à l'ouverture sur le territoire par le biais de conventions et de collaborations intervenues entre les régions françaises et la Délégation du Québec; on en a signé six du temps que j'ai été là.»
À l'époque, autant de plans d'action ont été paraphés avec les territoires de Rhône-Alpes, du Pas-de-Calais, de l'Auvergne, de Poitou-Charentes, de l'Aquitaine et de l'Alsace: «Et, dans la foulée de ces ententes, il y a également eu le renouvellement des liens avec l'Association France-Québec, qui regroupait 6000 adhérents, dont le travail à accomplir est de faire connaître et aimer le Québec en France», souligne encore l'ancien délégué.
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Collaborateur du Devoir
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