Fuites de documents diplomatiques - Wikileaks publie tous ses câbles américains
Londres — WikiLeaks a publié hier l'ensemble de ses câbles diplomatiques du département d'État américain, la majeure partie, sinon le tout, sans aucune censure. Le geste a suscité de vives condamnations de la part des principaux journaux qui ont, par le passé, collaboré avec les efforts anticensure du groupe pour révéler la corruption et les ententes secrètes.
Plusieurs médias, y compris Associated Press, ont déjà eu accès à une partie ou à l'ensemble des documents non censurés. Mais la décision de WikiLeaks de publier les 251 287 câbles sur son site Internet rend accessible à tous des sources diplomatiques potentiellement sensibles, simplement avec quelques clics de souris. Des responsables américains ont mis en garde contre le fait que cette divulgation pourrait mettre la vie de certaines personnes en danger, comme des responsables de l'opposition ou des défenseurs des droits de la personne.Une déclaration commune publiée sur le site du quotidien The Guardian indique que la publication britannique et ses homologues internationaux — l'américain New York Times, le français Le Monde, l'allemand Der Spiegel et l'espagnol El País — «déplorent la décision de WikiLeaks de publier les câbles du département d'État sans les censurer, ce qui pourrait mettre des sources en danger».
Fin de la censure
Ces médias, et WikiLeaks lui-même, censuraient auparavant les noms des sources potentiellement vulnérables, bien que la norme ait varié et que certains experts aient averti que même les gens dont les noms avaient été tenus secrets étaient à risque.
Désormais, la majeure partie, voire même l'ensemble des câbles publiés sur le site Internet de WikiLeaks affichent les noms sans censure.
Le débat fait rage quant à l'impact de ce geste. Lors d'une entrevue accordée à l'Associated Press plus tôt cette semaine, un ancien responsable du département d'État, P.J. Crowley, a averti que cette nouvelle publication de documents pourrait être utilisée pour intimider des militants dans les pays autoritaires.
WikiLeaks n'a pas répondu aux nombreuses requêtes d'entrevue. Mais dans une série de messages publiés sur Twitter, le groupe a laissé entendre qu'il n'avait pas eu d'autre choix car des copies des archives circulaient déjà sur Internet après une brèche de sécurité.