Attentat contre une église copte en Égypte - Le Vatican rejette les accusations d'ingérence lancées par le grand imam d'Al-Azhar

Rome — Le Vatican a rejeté les accusation d'ingérence du grand imam d'Al-Azhar, qui avait critiqué dimanche l'appel du pape Benoît XVI aux dirigeants du monde à protéger les chrétiens après l'attentat d'Alexandrie, estimant qu'il s'agissait d'une «ingérence inacceptable» dans les affaires égyptiennes.

«Le pape a parlé naturellement de la solidarité avec la communauté copte frappée si durement, mais ensuite il a aussi manifesté de l'inquiétude et de l'intérêt pour les conséquences des violences sur toute la population, tant chrétienne que musulmane», a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, cité par l'agence italienne Ansa.

«Par conséquent, on ne voit pas comment cette démarche du pape, désireux d'inspirer à tous la non-violence, peut être considérée comme une ingérence, a-t-il affirmé. Je crois qu'il y a des malentendus dans la communication, mais je ne crois pas qu'il faille insister sur ces déclarations de l'imam», a-t-il ajouté.

«Nous avons fait référence à une attaque contre une église chrétienne et donc nous nous sommes inquiétés pour les minorités chrétiennes subissant des violences, mais cela ne veut pas dire que nous voulons justifier ou minimiser la violence contre les fidèles d'autres religions», a-t-il expliqué.

Le pape avait déclaré samedi à Rome que «face aux discriminations, aux abus et aux intolérances religieuses, qui frappent aujourd'hui en particulier les chrétiens [...], les paroles ne suffisent pas, il faut l'engagement concret et constant des responsables des nations».

Réagissant à ces propos, Ahmed al-Tayyeb, l'imam d'Al-Azhar, responsable de la grande institution de l'islam sunnite basée au Caire, a déclaré: «Je ne suis pas d'accord avec le point de vue du pape, et je demande pourquoi le pape n'a pas appelé à la protection des musulmans quand ils se faisaient tuer en Irak.»

L'Égypte redoutait toujours hier une aggravation des tensions confessionnelles après l'attentat qui a fait 21 morts dans la nuit de vendredi à samedi devant une église copte d'Alexandrie, pour lequel les autorités privilégient la piste d'al-Qaïda.

Les tensions ont augmenté depuis un an entre les communautés confessionnelles en Égypte. Les Coptes, qui représentent de 6 à 10 % des quelque 80 millions d'Égyptiens, se sentent marginalisés et menacés.

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