Les socialistes français ramènent le «ni-ni» sur la question québécoise

Louise Beaudoin
Photo: - Le Devoir Louise Beaudoin

Paris — S'ils reprenaient le pouvoir, les socialistes français reviendraient à la position traditionnelle de la France à l'égard du Québec. C'est ce que dit un article du programme socialiste adopté samedi lors de la Convention nationale tenue à Paris qui portait sur la politique internationale. Les socialistes rompraient donc avec l'attitude adoptée depuis son élection par Nicolas Sarkozy, qui a toujours semblé privilégier l'unité canadienne tout en affirmant que les Québécois étaient «des frères».

Advenant l'élection d'un président socialiste en 2012, il y a donc fort à parier que la France reviendrait à la politique gaulliste traditionnelle de «non-ingérence et non-indifférence» formulée par l'ancien ministre Alain Peyrefitte. Cette politique affirmait aussi l'importance pour la France d'«accompagner le Québec» quels que soient ses choix concernant son avenir politique.

L'adoption de cet article est survenue à la suite de l'intervention de Louise Beaudoin, samedi, devant les congressistes. La porte-parole du Parti Québécois en matière de Relations internationales participait à une table ronde avec les anciennes ministres Élisabeth Guigou et Catherine Trautmann. Plusieurs vieux amis de Louise Beaudoin, comme l'ancien premier ministre Laurent Fabius, étaient dans la salle.

«On a perdu deux référendums, mais nous sommes bien déterminés à tout faire pour que le Québec devienne un pays», a déclaré l'ancienne ministre qui a été applaudie à quelques reprises. Évoquant les liens étroits qui unissent le Parti socialiste au Parti québécois, elle a rappelé le rôle joué par ces deux partis dans l'adoption d'un traité sur la diversité culturelle à l'UNESCO.

Lors de la conclusion des travaux, le secrétaire socialiste aux Affaires internationales, Jean-Christophe Cambadélis, a affirmé «l'appui du Parti socialiste au combat du Parti québécois tel que défini par Louise Beaudoin». Une petite phrase dont l'ancienne ministre se réjouit évidemment. «Ce n'était pas vendu d'avance», dit-elle. La résolution a été portée par le député socialiste Patrick Bloche de la Fédération de Paris et soutenue par plusieurs fédérations régionales comme celles du Poitou-Charentes et de la Gironde.

Les socialistes seraient donc les gaullistes d'aujourd'hui? Louise Beaudoin éclate de rire tout en précisant que la politique de Nicolas Sarkozy à l'égard du Québec est toujours demeurée «très personnelle» et n'a jamais vraiment été partagée.

Afin de préparer une éventuelle visite officielle de Pauline Marois à Paris, l'ancienne ministre a justement profité de ce voyage pour rencontrer des personnalités de gauche et de droite, comme l'ancien premier ministre Alain Juppé. On se souvient qu'en février 2009, Nicolas Sarkozy avait créé un incident diplomatique en laissant entendre que les souverainistes pratiquaient le «sectarisme» et la «détestation» de l'autre. Le Parti et le Bloc québécois avaient protesté publiquement. Afin de calmer le jeu, l'Élysée avait dû envoyer une lettre à Pauline Marois et Gilles Duceppe. Depuis, le froid ne s'est pas complètement dissipé.

«Mais le temps passe, dit Louise Beaudoin. Selon l'évolution des choses, il y aura éventuellement une visite officielle à Paris de la chef de l'opposition». De passage en coup de vent, le mois dernier, Pauline Marois avait rencontré le chef de l'aile parlementaire de la majorité, Jean-François Coppé, ainsi que la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry. Mais, au Parti québécois, personne n'ose encore s'aventurer à avancer une date.

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